Marché immobilier : « La situation est extrêmement préoccupante » (Loïc Cantin, Fnaim)
Par Christian Capitaine | Le | Réseaux-franchise
Au plus bas depuis 2016, le volume des transactions immobilières est redescendu, à mars 2024 sur douze mois glissants, à 822 00 unités, a constaté la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier), mercredi 12 juin. C’est une baisse de 23 % sur un an. La crise politique suite à la décision d’Emmanuel Macron d’organiser de nouvelles élections législatives sera-t-elle de nature à fragiliser davantage encore l’industrie immobilière ?
Une baisse sans discontinuer depuis mars 2022. Mois après mois, ainsi qu’en a fait le constat, mercredi 12 juin 2024, la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier), les ventes immobilières continuent de plonger.
La situation du marché immobilier est telle qu’elle se révèle « extrêmement préoccupante », selon les mots de son président, Loïc Cantin. Au plus bas depuis 2016, le volume des actes signés est redescendu à mars 2024, sur douze mois glissants, à 822 00 unités. C’est une baisse de 23 % par rapport à mars 2023.
« Malgré la bouffée d’oxygène de cette première partie d’année grâce à l’effet du repli des taux de crédit immobilier, il n’y a pas eu de redémarrage de l’activité immobilière », a déploré Loïc Cantin.
Toute la France métropolitaine touchée
Cette baisse des transactions a concerné tout le territoire métropolitain. Parmi les secteurs géographiques les plus touchés par ce repli conjoncturel des volumes, et qui ont essuyé des contractions de leurs ventes comprises entre -18 % et -30 %, citons une grande partie de la façade ouest du pays et son littoral (à l’exception des départements de la Manche et du Calvados, qui ont mieux résisté), ainsi que le pourtour méditerranéen.
Dans cette morosité ambiante, Paris a tiré son épingle du jeu, avec une baisse des transactions limitée dans la capitale, entre -12 % et -18 % entre mars 2023 et mars 2024.
Des prix en baisse de 3,8 %
Au niveau des prix, ils ont, en moyenne à l’échelle nationale, reculé de 3,8 % sur les douze derniers mois. Il s’agit de la plus forte chute depuis 15 ans. « Cette baisse, salvatrice, est une condition préalable à une reprise de l’activité », a rappelé Loïc Cantin.
Amorcée dans les grandes villes, et même s’il elle demeure insuffisante pour relancer la dynamique immobilière, cette baisse s’est, au cours des douze derniers mois, progressivement étendue à l’ensemble du territoire.
A noter qu’à Paris, « l’érosion des prix a été supérieure à la moyenne, soit - 7,7 % en un an et - 14 % depuis la crise sanitaire, a-t-on rappelé à la Fnaim. La chute fut particulièrement importante dans les arrondissements périphériques qui avaient vu leurs tarifs fortement augmenter après le confinement. »
Attribution d’un logement : « Nous n’accepterons pas la préférence nationale »
« Il y a une chose que l’on n’acceptera pas et qui figure dans le programme du Rassemblement national, c’est la préférence nationale dans le cadre de l’attribution d’un logement », a indiqué Loïc Cantin, président de la Fnaim.
« Nous avons été signataires d’une convention en partenariat avec SOS Racisme pour stopper les discriminations. Notre profession est encadrée et la non-discrimination est inscrite dans nos statuts, que ce soit à cause des origines, du genre ou des opinions politiques. Ainsi, la préférence nationale pour la distribution de logements représente un désaccord fondamental avec notre profession. »
« Il faudra surveiller les OAT » (L. Cantin)
Que présager pour le marché immobilier au second semestre 2024 ? La crise politique née de la décision d’Emmanuel Macron d’organiser un nouveau scrutin législatif sera-t-elle de nature à fragiliser davantage encore l’industrie immobilière ?
« Il faudra surveiller les OAT » (obligations assimilables du Trésor), a prévenu Loïc Cantin, auxquels sont corrélés le coût des crédits immobiliers. Devant l’instabilité politique qui règne, « on peut s’inquiéter qu’ils progressent davantage » (après qu’ils aient légèrement augmenté au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, dimanche 9 juin) avec les conséquences que cela aurait sur le niveau des taux de crédit immobilier.
Dans le colonnes de Capital, un grand banquier se voulait toutefois rassurant : « La faible hausse des OAT ne change quasiment rien pour nous. Nous, et l’ensemble des banques d’ailleurs, avons l’intention de continuer à prêter dans les meilleures conditions et conquérir des clients. »
2024, une nouvelle année de baisse
Nonobstant les nouveaux obstacles qui pourraient se dresser devant la filière immobilière dans ce contexte d’incertitude politique, on table pour 2024, à la Fnaim, sur une nouvelle année de repli du marché immobilier, soit une baisse des transactions de 8 % par rapport à 2023, pour atterrir tout juste à 800 000 actes signés.
Le métier d’agent immobilier lourdement affecté par la crise
Le scenario de 2008 va-t-il se reproduire ? Il y a seize ans, la crise des subprimes porta un coup rude à la profession des agents immobiliers, avec 1 400 défaillances d’entreprises enregistrées sur l’année.
Pour 2024, nous empruntons ce même chemin, a affirmé Loïc Cantin, président de la Fnaim. « A fin avril, 1 200 défaillances furent enregistrées. A la fin de l’année, nous approcherons les 1 400 », a-t-il ajouté.
Et d’expliquer : « La hausse soudaine des taux d’intérêt conjuguée au remboursement des PGE et des URSSAF a précipité ces défaillances. Sur les douze derniers mois, 1 agence immobilière sur 24 et 1 administrateur de biens sur 110 ont fait faillite, soit des hausses respectives de + 112 % et + 35 %. Si le nombre de collaborateurs « salariés » reste stable, celui des collaborateurs « agents commerciaux » enregistre un fort déclin. »