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« Notre liste incarne la diversité régionale de la coopérative » (G. Martinaud, président d’Orpi)

Par Christian Capitaine | Le | Réseaux-franchise

Guillaume Martinaud, 54 ans, vient de prendre ses fonctions à la présidence de la coopérative immobilière Orpi. Il revient sur les raisons qui lui ont permis d'être élu, nous dévoile les grands chantiers qui vont rythmer les quatre prochaines années de sa présidence. Et dresse un état des lieux aussi instructif que complet du marché de l’immobilier en France.

Guillaume Martinaud a rejoint la coopérative Orpi en 1996. - © D.R.
Guillaume Martinaud a rejoint la coopérative Orpi en 1996. - © D.R.

Quels éléments de votre programme vous ont permis d’être élu président d’Orpi ?

Ce qui a pesé en notre faveur - notre liste, aux côtés de deux autres, a été élue au premier tour - c’est le fait, je pense, que nous représentions une liste régionale. Nous incarnions ainsi fortement le « R » d’Orpi (Orpi veut dire « Organisation Régionale des Professionnels de l’Immobilier), soit l’ensemble des agents immobiliers installés dans toutes les régions de France. Pour résumer : notre élection a traduit cette volonté des collaborateurs du réseau installés en province de participer, eux aussi, à la construction de la coopérative.

Est-ce à dire que le réseau avait, avant votre élection, un accent trop « parisien » ?

Je ne dirais pas cela. La preuve : les 90 collaborateurs du siège, à Clichy (92), viennent des régions de France. Notre liste incarnait tout simplement cette diversité régionale qui constitue notre ADN (l’enseigne compte, à ce jour, 1 350 agences immobilières installées sur le territoire, plus de 1 200 associés et quelque 9 000 collaborateurs).

Et il ne sert à rien d’opposer Paris à la province. J’irais même plus loin en disant que notre élection a symbolisé tous ces mouvements de population que l’on a observé depuis le surgissement de la pandémie.

Quel regard portez-vous sur le travail accompli, avant vous, par les équipes de Christine Fumagalli ?

Parmi les grandes avancées qui ont été réalisées durant la précédente mandature, il y a, tout d’abord, l’achat de notre siège social qui, avec ses 5 étages et ses 1 800 m2 de bureau, se révèle un très bel outil de travail. Il nous permet ainsi de former nos associés, qui sont très heureux de s’y rendre. J’ajoute que c’est aussi un lieu d’échange et de vie.

Un autre chantier de taille a été mené avec succès par l’équipe de Christine Fumagalli : l’harmonisation de l’enseigne, avec, en pierre angulaire de ce projet, la refonte du concept d’agence et de sa charte visuelle. Plus concrètement, ce travail a consisté à sortir du concept d’agences vitrées, pourvues de beaucoup d’annonces, qui empêchent de voir à l’intérieur, pour faire place à une architecture plus aérée, plus transparente.

Aujourd’hui, les agences immobilières ne sont plus simplement ces lieux de commerce d’hier, mais sont devenues des lieux d’échanges où les porteurs de projets immobiliers peuvent y trouver de l’information. Harmoniser un réseau, c’est une tâche difficile à mener. Et tout le mérite en revient à Christine et à ses équipes de l’avoir menée de front et avec succès.

Concernant votre feuille de route, quels principaux chantiers allez-vous mener ?

Ce qui nous importe de prime abord, c’est la formation de nos équipes, de nos collaborateurs. C’est pourquoi nous allons créer des centres de formation régionaux. Avec cette volonté : décentraliser l’organisation de ces modules, qui étaient, hier, trop concentrés à Paris. Un premier de ces centres a vu le jour à Toulouse, et ce modèle va être dupliqué sur l’ensemble du territoire national.

L’objectif : que tous les collaborateurs de la coopérative puissent se rendre dans l’un de ces centres en moins de deux heures, sans prendre un train, ni un avion. Pour y parvenir, une vingtaine de centres de formation devront être créés, et 8 le seront en 2022.

Certes nous sommes le réseau numéro 1 en terme d’agences en France. Mais ce qui m’intéresse davantage, c’est que nous devenions, dans l’esprit des Français, le numéro 1 en terme de compétences.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui ?

En tout cas, nous pouvons et nous devons faire mieux. Etre le leader du marché en nombre d’agences, c’est, sans conteste, un signe fort. Et cela traduit la puissance d’Orpi. Mais vis-à-vis de nos clients, le plus important, c’est de leur démontrer notre sérieux et nos compétences, avec l’ambition de les convaincre que c’est avec nous qu’ils doivent travailler.

Que ce soit sur le plan fiscal ou juridique, le marché de l’immobilier évolue sans cesse : comment, au-delà de nos performances commerciales - qui demeurent certes prioritaires - arrivons-nous à construire un réseau qui est capable de répondre à toutes les questions que se posent les porteurs de projets immobiliers ? Voilà la question qui est au cœur de nos priorités. 

Et quid du chantier de la digitalisation de vos outils, dont on a entendu dire qu’il faisait partie de vos priorités ?

Nous avons effectivement le souhait de moderniser nos outils informatiques. Les agents immobiliers ne peuvent pas passer tout leur temps devant un ordinateur. Ils doivent pouvoir disposer d’outils qui sont au service de leur métier.

Cela passera par le déploiement de solutions de simplifications des tâches - je note à cet égard qu’Orpi a été, en 2015,  le premier réseau immobilier à utiliser la signature électronique.

Cela passera, par exemple, par la mise à disposition d’outils qui permettront, à nos négociateurs, de mieux estimer un bien, et de justifier ce prix auprès du vendeur. Ou encore, comment les aider rédiger plus simplement les actes.

Avez-vous défini un autre chantier prioritaire ?

Oui, et il concerne le développement de notre pôle dédié à l’administration de biens, dont à ce jour près de 650 agences au sein du réseau - soit un peu plus de la moitié - déploie l’activité. Dans les formations que nous dispenserons, tout l’enjeu consistera à aider nos collaborateurs à démontrer à leurs clients qu’ils sont capables de leur offrir cette diversité de services.

S’agissant de l’activité « syndic de copropriété », qui n’est pas assez déployée, à mon sens, au sein de la coopérative, là aussi notre ambition sera de faire prendre conscience au réseau qu’il s’agit d’un vrai métier, et doté d’une vraie valeur ajoutée.

Qu’est ce qui, dans votre modèle, distingue Orpi des autres réseaux d’agences immobilières ?

Chez Orpi, et parce que c’est notre modèle coopératif qui le consacre : on décide ensemble. Avant d’être lancés, tous les grands projets sont soumis aux votes des associés. La force de la coopérative, c’est d’incarner un lieu d’échanges, et un lieu où s’expriment de la diversité culturelle. C’est ce qui fait la richesse de notre réseau.

Comment abordez-vous la concurrence de plus en plus forte des réseaux de mandataires ?

Cette concurrence nous oblige à réfléchir à notre modèle et à notre façon de travailler. Si les réseaux de mandataires ont percé, c’est qu’il y avait un besoin. Dénigrer, cela ne sert à rien. Ces acteurs ont pris des mandats et des parts de marché.

Aussi, leur modèle répond certainement à une nouvelle attente du mode d’organisation des agences immobilières : le schéma traditionnel du fameux point fixe le matin avec une réunion en présentielle n’est peut-être plus adaptée.

C’est vrai, nous avons peut-être délaissé, nous les réseaux traditionnels, certaines zones et villes où, il y a encore quelques mois ou courtes années, il n’y avait pas de marché. Or, on s’aperçoit avec la percée du marché de l’immobilier de ces trois dernières années que dans ces zones également existe un fort potentiel.

Pour travailler, le point de vente vous semble-t-il toujours un outil indispensable ?

Oui, car nos agences immobilières permettent à nos clients, à tous moments de la journée, en poussant nos portes, de venir nous rencontrer et nous poser toutes les questions qu’ils souhaitent. Courir après un professionnel qui est soit dans sa voiture, soit chez lui, ce n’est pas très commode… Alors que le monde se digitalise, il ne faut pas perdre le côté humain du logement. Un achat immobilier, ce n’est pas un achat anodin.

Quel bilan dressez-vous de l’année 2021 pour l’activité du réseau ?

L’an passé, Orpi a accueilli 66 agences supplémentaires. Sur le plan de la dynamique de marché, la coopérative, sur l’ensemble du pays, a enregistré une augmentation de 18 % du nombre de compromis signés par rapport à 2020. Et malgré la hausse des prix constatée dans toutes les villes, l’activité est restée très dynamique.

Reste une question, et alors que les présidentielles approchent : celle du besoin de logement des Français. Comme en 2017, nous interpellerons prochainement les politiques en leur signifiant que dans leurs programmes la question du logement n’est pas assez présente. Quels moyens donneront-ils aux Français pour accéder plus facilement à la propriété ? On ne le sait pas.

Quelles mesures en faveur du logement souhaiteriez-vous voir mises en place ?

Il faudrait simplifier la fiscalité, et avoir une visibilité fiscale sur le long terme pour que les investisseurs puissent se projeter. Sur le plan fiscal, nous avons besoin de stabilité. Aujourd’hui, de nombreux retraités constituent leur retraites avec un logement. Mais pas seulement ! Il faudrait aussi des mesures qui permettent aux personnes qui ont notamment des contrats de travail courts (saisonniers, CDD, freelance) de pouvoir se loger.

Quelles sont vos perspectives pour le marché en 2022 ?

Nous demeurons optimistes. Les besoins de changements et de déménagements des Français restent forts, avec un besoin d’espace qui reste une tendance de fond. Et fort de notre maillage, nous pouvons répondre à toutes les demandes immobilières. Nous sommes certes un acteur national, mais avec de fortes positions au niveau local. Nous pouvons intervenir partout.

Guillaume Martinaud : bio express

Guillaume Martinaud démarre sa carrière en 1992 en tant qu’agent immobilier dans l’agence familiale, située dans le Vexin, après l’obtention de son diplôme de l’ESPI. Il rejoint le réseau Orpi en 1996. Il est d’ailleurs aujourd’hui associé à Jean-Mic Moné, membre du réseau Orpi, où ils dirigent l’agence Moné Martinaud à Capbreton (Landes). En 2009, il prend la tête du GIE ouest parisien du réseau Orpi, jusqu’en 2014. En 2015, il devient membre du conseil de gérance et prend en charge la DSI du réseau, pour développer les outils métiers et mieux accompagner les collaborateurs sur le terrain.