Crédit immobilier : « Une baisse continue depuis janvier 2025 » (Cafpi)
« Depuis un an, la période politique est complètement instable. C’est une instabilité longue. Malgré cela, nous observons une baisse continue des crédits immobiliers depuis janvier 2025. Les banques sont revenues sur le marché du crédit immobilier et la concurrence entre elles favorise des taux bas », a commenté Caroline Arnould, directrice générale du courtier Cafpi, le 9 octobre 2025.

En un an, le taux moyen sur 25 ans est passé de 3,70 % à 3,29 %, une baisse significative qui s’explique en partie par de multiples réductions des taux de dépôts de la BCE (Banque centrale européenne) qui ont fini par se stabiliser à 2 % en juin 2025.
« Les taux de la BCE se stabilisent et pourraient même baisser à l’avenir avec la croissance économique européenne faible », indique-t-on chez Cafpi. Les taux obtenus par le courtier en septembre 2025 s’élèvent à 3,10 % sur 15 ans, 3,22 % sur 20 ans et 3,30 % sur 25 ans.
Une hausse des taux à venir, mais contenue ?
« Une nouvelle baisse des taux semble être une option qui n’existe pas. L’incapacité des politiques à fournir au pays un budget pour 2026 pourrait avoir un impact avec comme conséquence une hausse des taux, mais celle-ci devrait rester contenue », a relevé, de son côté, Julien Langlade, président de Cafpi.
Au 30 septembre 2025, le volume de crédits immobiliers signés a progressé de + 33,9 % sur un an et de 43,5 % en nombre. Selon la Banque de France, la production de nouveaux crédits à l’habitat est passée de 7 Md€ en mars 2024, son point bas, à 13,1 Md€ en juillet 2025, soit une hausse de 87 %.
« Cette hausse du nombre de crédits contracté est notamment liée à l’appétence des banques. Pourtant, le marché français du crédit ne génère pas de rentabilité directe pour les banques, elles la trouvent via les ventes annexes. Il existe aujourd’hui une grande hétérogénéité des taux selon les stratégies des banques, pouvant aller de 4,6 % à 3,2 %, ce qui a pour conséquence de perdre un peu les clients. Ces derniers ont un réel travail de comparaison à mener et, dans ce contexte, le recours à des courtiers est d’autant plus pertinent », a ajouté Laura Martino, directrice partenariat bancaire de Cafpi.
Les recommandations de Cafpi pour fluidifier le marché
Cafpi propose deux leviers principaux et complémentaires pour fluidifier le marché immobilier et redynamiser le logement :
- Libérer l’investissement locatif
- Stabiliser la fiscalité sur 10 ans pour sécuriser les projets d’investissement
- Créer un statut du bailleur privé rénové, avec des droits rénovés et une fiscalité simplifiée
- Assouplir les politiques de plafonnement des loyers, en introduisant des marges de souplesse adaptées aux marchés locaux et à la qualité des logements
- Adapter les règles au pouvoir d’achat réel des ménages
- Assouplir les règles HCSF : relever le taux d’endettement plafond, allonger les durées de prêt et territorialiser les règles
- « La norme HCSF est infondée économiquement. La France est le seul pays d’Europe où elle est obligatoire, pour tous les autres, il s’agit seulement d’une recommandation », a précisé Julien Langlade.
- Maintenir et élargir les aides à la primo accession, notamment le PTZ, en augmentant les plafonds et en intégrant davantage de zones et de ménages.
- Assouplir les règles HCSF : relever le taux d’endettement plafond, allonger les durées de prêt et territorialiser les règles
68,2 % des Français estiment que la situation actuelle incite à attendre avant de s’engager dans un projet immobilier
Selon un sondage de Cafpi auprès de 1 738 clients financés par le courtier depuis octobre 2022 et réalisé entre le 16 et le 26 septembre 2025, 68,2 % des répondants estiment que la situation actuelle incite à attendre avant de s’engager dans un projet immobilier et 66,6 % estiment que le climat actuel a un impact important sur le marché immobilier. Ils sont également 61 % à trouver l’accès au crédit plus restrictif.
« Cet attentisme peut s’expliquer par le contexte politique, une interrogation sur l’évolution des taux, un manque de clarté et de visibilité sur le régime fiscal, celui des retraites aussi plus récemment. L’épargne des Français n’a d’ailleurs jamais été aussi élevée », selon Caroline Arnould.
Sur la perception du marché, près de la moitié des répondants (48,8 %) estiment que le marché de l’immobilier est ni attractif, ni risqué, et 35 % le considèrent plutôt risqué.
Ils sont 43 % à penser que les prix de l’immobilier vont augmenter fortement dans les 12 prochains mois, 22 % pensent qu’ils seront stables. Même constat pour les taux immobiliers : 46,8 % prévoient une augmentation sur l’année et 31,2 % une stabilisation.
« Il y a un décalage entre le ressenti des Français et la situation réelle du crédit immobilier. Aujourd’hui, le momentum est bon avec des prix de l’immobilier contenus, des taux en baisse, ce qui entraîne une resolvabilisation des emprunteurs », a conclu Caroline Arnould.