Instabilité politique : ce que craignent les Français… et ce que dit réellement le marché immobilier
Malgré une dynamique de marché confirmée en 2025, les Français restent massivement pessimistes face au contexte politico-économique, révèle une étude du réseau de mandataires Capifrance menée par Opinion Way : 88 % se disent inquiets, 87 % anticipent une hausse des taux, et seuls un tiers jugent le moment opportun pour acheter ou vendre. Pourtant, 40 % envisagent un projet immobilier dans les deux ans, preuve que la demande structurelle résiste à l’incertitude.
La confiance ? « Nos clients acquéreurs en ont besoin pour concrétiser leurs projets immobiliers, affirme Philippe Buyens, directeur général de Capifrance. C’est la raison d’être de l’étude que nous publions ». Son objet ? Mesurer l’influence de l’instabilité politique et économique qui s’est installée en France depuis plusieurs mois sur les projets immobiliers de nos compatriotes.
A la lecture des chiffres du marché, tout laisse à penser que ladite instabilité politico-économique que nous vivons n’a que peu d’influence sur sa dynamique : cette année, selon plusieurs sources concordantes (dont celle de la Fnaim), les ventes dans l’immobilier ancien devraient s’afficher en hausse de 10 % par rapport à 2024.
Même tendance haussière pour le réseau de mandataires Capifrance (3 000 conseillers immobiliers actifs), dont le CA 2025 dépassera les 100 millions d’euros.
Des Français largement pessimistes en l’avenir…
Pourtant - et c’est le premier enseignement marquant de cette étude menée avec Opinion Way auprès de 1015 personnes les 19 et 20 novembre 2025 - plus de huit Français sur dix (85 %) estiment que la situation politique aura un impact négatif sur le marché immobilier, dont près d’un tiers dès l’année prochaine.
L’étude révèle également un niveau d’inquiétude rarement observé dans le pays : 88 % des Français se déclarent pessimistes concernant la situation politique, et 84 % vis-à-vis du contexte économique. Les répercussions attendues sont concrètes : perte de pouvoir d’achat (88 %), hausse des taux d’emprunt (87 %) et difficulté à obtenir un crédit (69 %).
Dans ce contexte, peu de régions sont pas épargnées : 61 % des sondés se montrent pessimistes pour leur territoire, et 59 % pour leur propre ville. L’offre insuffisante, les exigences énergétiques croissantes ou encore le durcissement des conditions d’emprunt sont ainsi largement identifiés comme des obstacles majeurs à la fluidité du marché.
Ce sentiment d’incertitude se traduit dans les comportements : seulement 36 % des personnes interrogées considèrent que c’est le bon moment pour acheter, et 33 % pour vendre. Le marché reste donc sous tension, plombé par un manque de visibilité politique et réglementaire.
… mais toujours prêts à mener un projet immobilier
Il n’empêche : malgré cette morosité qui s’est installée, 40 % des Français déclarent qu’ils mèneront un projet immobilier dans les deux ans à venir, « un niveau qui témoigne de la résilience du marché et de la place centrale de l’immobilier dans les parcours de vie », relève Philippe Buyens. Les intentions couvrent aussi bien l’achat (24 %) que la vente (21 %) ou la location, qu’elle soit pour occuper un logement ou mettre un bien en location.
Les jeunes adultes (18-34 ans) restent particulièrement dynamiques : plus d’un tiers projettent un achat, démontrant que la demande structurelle demeure forte, mais davantage dépendante des dispositifs publics et des conditions de financement.
Pour autant, la possibilité réelle de concrétiser ces projets est jugée moyenne, avec une note de 6,2/10. Parmi les leviers identifiés pour redonner une perspective positive : la baisse des prix (51 %), la détente des taux (43 %), un accès facilité au crédit (28 %)… et surtout une stabilisation du contexte politique, citée par plus d’un quart des répondants.
Une année 2026 sans grands bouleversements
« Pour 2026, nous ne nous attendons pas à de grands bouleversements au niveau du marché, table néanmoins Olivier Colcombet, PDG de DigitRE Group, propriétaire de la marque Capifrance. Le volume des transactions dans l’immobilier existant devrait se situer sur un niveau comparable à celui de 2025. Les élections municipales de mars prochain n’auront pas d’impact sur le marché. La question se pose plutôt sur l’échéance de 2027 avec les élections présidentielles et sur ses résultats. »
Une attente forte envers l’État pour redonner de la lisibilité
Face à l’incertitude, les Français appellent les pouvoirs publics à agir rapidement. Trois axes sont plébiscités : une meilleure protection des propriétaires, notamment contre les squats (95 %) ; un allégement des frais de transaction et de la fiscalité locale (92 %) ; une relance des aides à la rénovation énergétique (85 %).