Évaluation

Promotion immobilière : « 2025 s’est ouvert dans un contexte très incertain » (P. Boulanger, FPI)

  • Le
  • Services pour évaluer

PTZ, statut du bailleur privé, logement locatif intermédiaire aux particuliers, état du marché immobilier au premier trimestre 2025… Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), a répondu aux questions de notre partenaire News Tank Cities.

Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) - © D.R.
Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) - © D.R.

Plusieurs mesures de relance de l’immobilier neuf ont été intégrées dans la loi de finances pour 2025, en êtes-vous satisfaits trois mois après son adoption ?

Nous avons obtenu ce que nous demandions dans le cadre du projet de loi de finances adopté le 6 février 2025, et nous en sommes satisfaits. Il reste toutefois à franchir le « dernier kilomètre » : ces mesures sont encore insuffisamment connues du grand public.

Le cadre est en place, mais un effort important de communication reste à mener. Plus l’information circulera, plus les effets seront au rendez-vous.

Une des mesures importantes concerne l’élargissement du PTZ (prêt à taux zéro). Auparavant, il était limité aux zones denses et ne concernait que le logement collectif. Désormais, cette mesure est applicable à l’ensemble du territoire et s’étend aussi au logement individuel.

Sur l’élargissement du PTZ, les premiers résultats sont encourageants

Les retours que j’ai reçus du secteur, notamment du terrain, montrent qu’elle est globalement bien accueillie et perçue comme efficace. Les banques se sont rapidement approprié le dispositif.

Les premiers résultats sont encourageants, avec une mise en œuvre fluide, seulement quelques semaines après son décret d’application du 1er avril 2025.

L’exonération des droits de mutation à titre gratuit pour les donations destinées à l’achat d’un logement neuf peut-elle avoir un impact conséquent sur la relance du logement neuf ?

C’est un sujet que je porte depuis plusieurs années. La mesure est entrée en vigueur le 1er janvier 2025 et s’appliquera jusqu’au 31 décembre 2026. Elle prévoit une exonération exceptionnelle des droits de mutation à titre gratuit pour les donations destinées à l’achat d’un logement neuf.

Il s’agit d’un dispositif ponctuel, qui ne sera pas reconduit. Je me félicite que le gouvernement ait entendu la demande portée par la FPI. Cette disposition contribuera à soutenir l’activité.

Elle permet à un donateur de transmettre jusqu’à 100 000 €, dans la limite de 300 000 € par donataire. Sont concernés les parents, grands-parents, arrière-grands-parents, ainsi que les oncles et tantes en l’absence de descendants directs, sous conditions.

Cette mesure commence déjà à produire des effets. Elle reste malheureusement encore trop peu connue du grand public en raison de sa nouveauté, mais certains promoteurs m’ont signalé des ventes réalisées grâce à elle.

Les volumes sont encore modestes, mais c’est un signal encourageant. J’ai la conviction qu’elle contribuera effectivement à la relance.

Le logement locatif intermédiaire aux particuliers est également une mesure que vous avez portée. Où en est-on de son déploiement ?

Le logement locatif intermédiaire (LLI) reste juridiquement réservé aux personnes morales. Mais une avancée récente permet aux particuliers d’y accéder en créant une société, par exemple une SCI, spécialement constituée pour cela.

Ce dispositif donne accès à deux avantages fiscaux importants : une TVA réduite à 10 % à l’achat, ainsi qu’un crédit d’impôt équivalent à la taxe foncière.

En contrepartie, l’investisseur doit respecter plusieurs conditions, notamment des loyers plafonnés et un engagement de location longue durée. Selon nos simulations, le dispositif, dans certains cas, peut être aussi rentable qu’un investissement sous le régime Pinel.

Concernant le LLI, la clé, désormais, c’est la communication

La clé, désormais, c’est la communication. Valérie Létard, ministre du Logement, m’a indiqué qu’un plan d’information était en préparation.

De mon côté, je mobilise les relais du secteur — notaires, banquiers, promoteurs — pour qu’ils s’en saisissent. Lors d’une récente conférence avec une centaine d’investisseurs, seuls deux ou trois connaissaient l’existence de cette possibilité. Cela montre qu’il y a encore beaucoup à faire pour que l’information circule.

Des discussions sont en cours pour instituer un statut du bailleur privé. Qu’en attendez-vous ?

La ministre du Logement, Valérie Létard, a confié une mission à deux parlementaires sur le statut du bailleur privé, qui devront rendre leurs conclusions au mois de juin. Ce statut pourrait faire l’objet de dispositions dans le PLF 2026.

C’est une avancée que nous saluons. Elle répond à un besoin de reconnaissance et de stabilité pour les particuliers qui investissent dans le logement locatif, souvent dans une logique patrimoniale et de long terme.

Le statut du bailleur privé pourrait faire l’objet de dispositions dans le PLF 2026

Au-delà de l’enjeu patrimonial, c’est aussi une réponse à la crise du logement : un propriétaire qui loue participe à l’effort collectif.

Chaque logement mis sur le marché génère de l’activité économique locale, de l’emploi dans le bâtiment, des recettes fiscales pour les collectivités. C’est donc un levier à ne pas négliger pour relancer l’économie par le logement.

Quelles sont les remontées de terrain de vos adhérents sur l’état du marché depuis le début de l’année 2025 ?

2025 s’ouvre dans un contexte encore très incertain. Les premiers mois ne permettent pas, à ce stade, d’observer une reprise franche.

Les professionnels restent prudents. L’environnement économique général, et notamment les tensions internationales, pèse sur les décisions d’investissement. 2025 devrait être une année de transition.

2025 devrait être une année de transition

On sent aussi une forme d’attentisme, liée au besoin de stabilité et de visibilité sur les règles du jeu. Les mesures votées dans le PLF 2025 vont dans le bon sens, mais elles demandent à être consolidées, relayées et appropriées par l’ensemble des acteurs.

C’est pourquoi il est essentiel de poursuivre le dialogue avec les pouvoirs publics. Le soutien apporté doit s’inscrire dans la durée pour produire ses effets. La reprise viendra si la confiance revient — et cette confiance repose en grande partie sur la clarté, la lisibilité et la cohérence des politiques publiques.