Évaluation

Immobilier résidentiel en 2025 : atterrissage en douceur (Notaires de France)


Si la chute des transactions immobilières est de l’histoire ancienne, les prix de l’immobilier amorcent un repli modéré, indiquent les Notaires de France dans leur dernière note de conjoncture (juillet 2025). Du côté perspectives, les affaires pour les professionnels de l’immobilier restent suspendues à des incertitudes économiques et monétaires.

Selon les Notaires de France-Insee, les prix des logements anciens ont progressé de 0,4 % sur un an. - © D.R.
Selon les Notaires de France-Insee, les prix des logements anciens ont progressé de 0,4 % sur un an. - © D.R.

Après le fort recul de 2024, le marché de l’immobilier résidentiel enregistre, en 2025, un rebond, constatent les Notaires de France.

À fin avril, les ventes de logements anciens sur douze mois glissants s’établissent à 892 000 transactions (+2,5 %), c’est une hausse de 7,2 % par rapport à septembre 2024 (832 000 ventes sur le périmètre septembre 2023-septembre 2024).

Ce redressement reste bien en deçà des pics observés entre 2019 et 2021, où le marché dépassait régulièrement les 1 000 000 de transactions par an. Il s’agit moins d’un retournement que d’un « atterrissage en douceur », reprennent les Notaires de France, favorisé par la baisse puis la stabilisation des taux de crédits immobiliers.

Evolution du nombre des transactions cumulé sur 12 mois - © D.R.
Evolution du nombre des transactions cumulé sur 12 mois - © D.R.

Hausse modéré des prix

Selon l’indice Notaires de France-Insee, les prix des logements anciens ont progressé de 0,4 % sur un an au premier trimestre 2025 après six trimestres consécutifs à la baisse. Cette hausse a été principalement portée par les appartements (+0,7 %), tandis que les maisons ont enregistré une hausse plus modérée (+0,3 %).

En province, les prix des logements sont en hausse de 0,7 % sur un an au T1 2025, après -1,7 % au T4 2024. Une hausse plus marquée pour les appartements (+1,1 %) que pour les maisons (+0,5 %). En revanche, les prix continuent de baisser en Île-de-France, mais à un rythme moins soutenu à -0,3 % sur un an au T1 2025, après -3,7 % au T4 2024.

Cette baisse dans la région francilienne est portée par les prix des maisons en baisse 1,1 %, alors que les prix des appartements sont en très légères augmentations (+0,1 %). Malgré la hausse des prix, le pouvoir d’achat immobilier des Français est en forte hausse de 8 % au T1 2025 sur un an et atteint 84 m2.

Cet indicateur est calculé sur le rapport entre la capacité d’emprunt et les prix de l’immobilier converti en nombre de m2 qu’un ménage est en mesure d’acquérir pour un logement ancien.

Taux d’intérêt : une détente encore timide

L’un des leviers clés de la dynamique immobilière reste le niveau des taux d’intérêt. En 2024, ceux-ci avaient fortement grimpé, atteignant un pic à 4,2 % en moyenne. Depuis début 2025, une détente s’est amorcée avec des taux proches des 3 %.

La politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui commence à infléchir ses taux directeurs, pourrait soutenir un reflux plus net des taux de crédit dans les mois à venir, tablent les Notaires de France.

Néanmoins, les établissements bancaires demeurent prudents, notamment en matière de conditions d’octroi de prêts (taux d’usure, reste à vivre, apport personnel), ce qui limite la portée de cette détente pour les ménages les plus fragiles.

Construction neuve : un secteur en grande difficulté

Le marché de l’immobilier neuf reste, quant à lui, en forte crise. Les mises en chantier de logements continuent de s’effondrer, atteignant des niveaux historiquement bas. Quant à la commercialisation de logements neufs, elle a chuté de 3,3 % sur un an au premier trimestre 2025, soit 15 900 unités vendues.

Cette situation résulte d’un enchaînement de facteurs : coûts de construction élevés, raréfaction du foncier, complexité réglementaire, mais surtout une chute de la demande en raison de la solvabilité réduite des acquéreurs et de la montée du taux d’intérêt.

Les promoteurs, confrontés à des annulations de projets et à des difficultés de commercialisation, attendent des signaux clairs des pouvoirs publics pour relancer la production. Dans ce contexte, les tensions sur le marché locatif pourraient s’accentuer à moyen terme.

Perspectives incertaines pour le second semestre

Si le marché semble s’orienter vers une forme de stabilisation, les perspectives pour le second semestre 2025 restent empreintes d’incertitudes. Plusieurs facteurs pèseront sur l’évolution du marché :

  • La trajectoire future des taux d’intérêt, encore volatile.
  • L’évolution de l’inflation et du pouvoir d’achat des ménages.
  • Les arbitrages politiques à venir en matière de logement (aides à l’achat, fiscalité, incitations à la rénovation).
  • L’impact de la crise de la construction neuve sur l’offre globale.

Dans ce contexte, les professionnels du secteur sont appelés à la prudence mais aussi à l’adaptation. L’accompagnement des clients, la diversification des services et la compréhension fine des dynamiques locales seront des atouts majeurs pour naviguer dans cette nouvelle phase de transition.