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Impayés de loyers : pas de hausse dans le privé

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Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim, et Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, ont rendu compte, le 9 mars 2021 lors d’une audition au Sénat, de la situation des impayés de loyers en France. Voici leurs conclusions.

Le Sénat a auditionné les acteurs du logement, le 9 mars 2021 - © D.R.
Le Sénat a auditionné les acteurs du logement, le 9 mars 2021 - © D.R.

Une situation contrastée chez les bailleurs sociaux et une solution « défensive » adoptée par les jeunes locataires du parc privé, consistant à quitter son logement, tels sont les constats développés par Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, et par Jean-Marc Torrollion , président de la Fnaim, lors d’une audition au Sénat, le 9 mars 2021, interrogés sur les impayés de loyers dans le cadre de la mission d’information sur la lutte contre la précarisation.

Parc social : interrogation pour l’avenir

Le Mouvement HLM constate en 2020 « une situation contrastée ». « Dans la moitié des organismes, la situation est stable voire s’est améliorée par une meilleure mise en place du paiement par prélèvement ou virement  », indique Emmanuelle Cosse. « Entre février et décembre 2020, pour quasiment 40 % de nos bailleurs, nous avons connu une hausse de plus de 10 % ». « Incapable de dire pourquoi », la présidente de l’Union sociale pour l’habitat rappelle que 56 % des locataires du parc social disposent de revenus du travail. 

« Nous avons une interrogation sur ce qui se passe à la fin des dispositifs de chômage partiel. C’est difficile à anticiper car on ne sait pas qui cela concerne ou quel secteur », dit Emmanuelle Cosse. « Les chiffres montrent une aggravation, mais je ne peux pas répondre à la question sur ce qui se passera demain ». La présidente de l’USH rappelle la mise en place d’une gestion préventive des impayés de loyers par les bailleurs sociaux.

Parc privé : le cas épineux des jeunes

Dans le parc privé, Jean-Marc Torrollion indique ne pas constater de hausse des impayés de loyers. « Mais nous constatons une solution défensive, notamment chez un public jeune, de laisser son logement. Nous constatons donc des résiliations de baux de petits appartements et des jeunes qui rentrent chez leurs parents, les petits boulots n’existent plus alors qu’ils faisaient l’appoint pour ces locataires », dit le président de la Fnaim. Dans le parc privé, 62 % des locataires sont actifs, 25 % ont moins de 30 ans et 21 % bénéficient des APL.

Consultations des ADIL : arrivée de nouveaux publics

Les consultations « pour le traitement des impayés et expulsions ont augmenté » depuis début 2020 rappelle Nathalie Sarrabezolles, présidente de l’Agence nationale pour l’information sur le logement (ANIL). S’il faut mesurer le lien avec la meilleure communication autour des dispositifs d’aides, « dans l’observation sociale, nous voyons malgré tout qu’il y a des difficultés majeures liées à la situation de précarité et de difficultés financières des ménages ».

Avec les consultations et l’accompagnement du traitement des situations dans les agences départementales, « nous avons réussi à améliorer la situation des ménages pour agir en phase de pré contentieux ». « Nous essayons de développer des outils pour aller vers les personnes, accompagner le traitement des situations dans les ADIL  ».

La « question de l’identification de nouveaux publics se pose ». «  Comment réussir à toucher les personnes qui n’ont pas facilement d’accès aux appuis et aux aides qui peuvent être déployées ? », s’interroge la présidente de l’ANIL. 

L’agence a « vu arriver de nouveaux publics qui ne sont pas des habitués des services sociaux, des jeunes, des personnes en situation de précarité liée à des professions avec beaucoup d’intermittence ou de saisonnalité mais aussi des artisans, des commerçants, des travailleurs en activité partielle. C’est une tendance des dernières années, amplifiée avec la crise ».