Évaluation

Défaillances d’entreprises : bilan contrasté pour le secteur immobilier


Le nombre de défaillances d’entreprises a poursuivi sa progression au 3e trimestre 2025, atteignant 14 371 procédures ouvertes, selon l’étude trimestrielle publiée par Altares, le 14 octobre 2025. Dans l’immobilier, alors que la promotion a décroché, les agences ont fait preuve de résistance.

Avec 14 371 défaillances, le trimestre d’été 2025 se place à un niveau inédit pour cette période. - © D.R.
Avec 14 371 défaillances, le trimestre d’été 2025 se place à un niveau inédit pour cette période. - © D.R.

Au total en France, 14 371 défaillances d’entreprises ont été enregistrées au troisième trimestre 2025. C’est une progression de 5,2 % vs. la même période de 2024, dont 6 800 en septembre.

Dans le secteur de la promotion immobilière ont été comptabilisés 107 défauts (+45 %), représentant la plus forte hausse sectorielle parmi les défaillances au 3e trimestre 2025.

La filière des agences immobilières s’est, dans le même temps, inscrite sur une tendance favorable, avec une baisse de 12 % (soit 202 défaillances sur la période).

Concernant le segment de marché « Autres activités immobilières » étudié par Altarès : 338 cas ont été recensés (+28 %), notamment les sociétés de gestion locative.

Construction : stabilité du bâtiment, tensions persistantes dans le second œuvre

Le secteur de la construction a, pour sa part, représenté un quart de l’ensemble des défauts (3 505 cas), en augmentation de 2 %. Parmi les principaux constats :

  • Le gros œuvre (998 défaillances, -4 %) résiste grâce à la maçonnerie et la maison individuelle ;
  • Le second œuvre (1 685 défaillances, + 4 %), notamment dans le génie climatique et la menuiserie bois/PVC, reste exposé ;
  • Les travaux publics s’orientent favorablement (175 défaillances, -1 %), malgré des tensions dans le terrassement.

Au global, Les TPE françaises sont restées les plus vulnérables : 75 % des défauts ont concerné des entreprises de moins de 3 salariés et 46 entreprises de plus de 100 salariés ont fait défaut (représentant 10 000 emplois) ;•

Des contrastes régionaux marqués ont également été observés : avec une baisse des défaillances en Bretagne (-10 %), mais une forte hausse dans le Centre-Val de Loire (+33 %) notamment.

Si le nombre de liquidations judiciaires (9 730) croît lentement (+2,8 %), le recours accru aux redressements judiciaires (4 310, +10,7 %) et sauvegardes (331, +11,8 %) pourrait freiner la destruction d’emplois (52 000 menacés, -1,3 %).

« Le mois de septembre a refroidi les espoirs » (Thierry Millon, directeur des études d’Altares)

« Le mois de septembre 2025, loin de confirmer les frémissements de début d’été, a refroidi les espoirs d’un retournement, a constaté Thierry Millon, directeur des études d’Altares. L’économie française est plongée dans un épais brouillard. L’incertitude est encore montée d’un cran gelant les décisions d’investissement et d’embauche, même chez les dirigeants les plus aguerris. »

Il a ensuite ajouté : « Néanmoins, rien n’est figé. Si la consommation des ménages reste atone, elle ne s’effondre pas. Les Français privilégient l’épargne, mais la période des fêtes pourrait offrir un répit salutaire aux petites entreprises, les plus exposées aux risques de défaillance. Ce dernier trimestre pourrait alors, à défaut d’inverser la tendance, enrayer l’hémorragie et ouvrir la voie à l’amélioration attendue pour 2026 », déclare ».

Définition de la défaillance

• La défaillance d’entreprise correspond à l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe auprès d’un Tribunal Judiciaire.

• Cela ne recouvre donc ni les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ni les suites d’ouverture (arrêt de plan ou conversion en liquidation).

• Le jugement prononçant le redressement judiciaire ouvre une période d’observation devant permettre à l’administrateur de dresser le bilan économique et d’élaborer un plan de redressement. La durée de la période d’observation est de 6 mois renouvelable 1 fois, avec une prolongation exceptionnelle de 6 mois à la demande du Ministère public, soit au total 18 mois.

• Altares observe qu’en moyenne 60 % des conversions en liquidation judiciaire sont prononcées l’année de l’ouverture du redressement judiciaire et 40 % le sont en année N+1 voire N+2.