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«  E-gérance amènera progressivement les bailleurs auto-gérés vers nos agences  » F. Verdavaine, Nexity

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En début d’année, Nexity lançait E-gérance : une plateforme 100 % en ligne proposant un service basique de gestion locative à 17,90 euros par mois. Uberiser avant de se faire überiser ? Le point sur la stratégie digitale de ce géant immobilier avec Frédéric Verdavaine, DG délégué aux services immobiliers

«  E-gérance amènera progressivement les bailleurs auto-gérés vers nos agences  » F. Verdavaine, Nexit - © D.R.
«  E-gérance amènera progressivement les bailleurs auto-gérés vers nos agences  » F. Verdavaine, Nexit - © D.R.

Pourquoi avoir lancé E-gérance ?

Sur 2,8 millions de bailleurs en France, 55 % sont en autogestion. Alors que l’âge moyen de notre client bailleur était de 61 ans, nous avons réfléchi à la manière d’adresser l’« océan bleu » des autogérés, qui n’ont pas le réflexe de confier leur bien à une agence ou qui ne voient pas la valeur ajoutée d’un gestionnaire locatif. Il s’agit d’une cible plutôt jeune, plutôt urbaine, plutôt CSP+. Ils sont souvent en plein cœur d’une carrière professionnelle et gardent un lien affectif avec leur premier investissement locatif. E-gérance leur permet de conserver une relation directe avec leur locataire tout en déléguant l’aspect comptable et administratif. Sur le web, il existait déjà des providers qui permettent aux bailleurs de faire leurs calculs de charge ou les appels de fonds - mais ces entreprises ne s’engagent pas sur le plan pénal et juridique.

Comment ce produit est-il perçu par vos agents en interne ?

Certains auraient pu craindre un manque à gagner en termes de business. Or, le profil des clients qui ont souscrit eGérance représentent moins de 10 % de notre portefeuille. Nous avons reconfiguré l’offre proposée en agence autour de mandats intermédiaires et premium : il n’y a donc pas d’ambigüité. A l’inverse, E-gérance s’adresse avant tout à des clients qui n’ont jamais eu de problèmes avec leur locataire : en réalité, ce service en ligne amènera progressivement les bailleurs auto-gérés vers nos agences, s’ils rencontrent des difficultés ou s’ils deviennent multi-propriétaires.

Avec une offre à 17,90 euros, peut-on parler d’une überisation de votre marché traditionnel ?

Il ne s’agit pas d’une offre low cost : rappelons que le bailleur garde la relation avec son locataire et la gestion patrimoniale de son bien. L’überisation consiste à casser un maillon de l’intermédiation et à  donner plus de pouvoir au client. Nos clients sont de plus en plus sachants ; notre rôle consiste donc  à redonner de l’intelligence à l’information. Notre approche traditionnelle est challengée - mais en aucun cas un modèle n’est voué à en chasser un autre. Nous continuerons à développer notre offre traditionnelle qui correspond à des segments de marché porteurs, avec des professionnels qui ont pignon sur rue, qui apportent réassurance et proximité. En parallèle, nous développons des spin-offs en interne et nous travaillons avec des start-up qui nous offrent plus d’agilité et de rapidité - mais qui ont besoin de s’adosser à une marque solide comme Nexity.

Quelles sont les autres initiatives de cet écosystème digital que vous avez mis en place ?

Nous avons par exemple ouvert deux agences connectées, à Paris et Lyon, où l’expérience client est transformée : l’acquéreur peut visualiser en 3D le quartier qu’il vise, faire des visites immersives des biens plutôt que se déplacer, etc. L’idée n’est pas de généraliser ce concept, mais de le développer là où cela a du sens. Nous avons également crée une application mobile baptisée Visilist qui permet aux locataires ou aux acquéreurs d’organiser et de partager leurs visites immobilières. Ils peuvent créer leurs propres rapports de visite en scorant leurs critères pour chacun des biens visités. Nous réfléchissons aussi à la manière d’utiliser les robots ou l’intelligence artificielle dans la relation client. Nous sommes dans une démarche de « Test and Learn ».

Gaëlle Fillion