Franchise

« Nous sommes en pleine phase de rattrapage »

Par Christian Capitaine | Le | Réseau de franchisés

Quel état des lieux dresser du marché de l’immobilier dans l’ancien deux mois après la levée du confinement ? Les grands témoins du secteur répondent. Premier volet de notre série avec Laurent Vimont, président de Century 21 et Yann Jéhanno, président de Laforêt.

Laurent Vimont, président de Century 21 et Yann Jéhanno, président de Laforêt - © D.R.
Laurent Vimont, président de Century 21 et Yann Jéhanno, président de Laforêt - © D.R.

2020 avait pourtant si bien commencé… « Jusqu’au 17 mars, le rythme du marché était soutenu, dans la continuité de 2019, se souvient Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt. Nous avions enregistré, sur cette période, 30 % d’acquéreurs supplémentaires, alors que, côté transactions, nous affichions +6 %. » Chez Century 21, la tendance fut similaire. Dans le sillage d’une année 2019 « exceptionnelle », se rappelle son président Laurent Vimont, « le nombre de ventes au sein du réseau était en hausse de 6,8 % pour les appartements et de 7,6 % pour les maisons par rapport à la même période de 2019  », poursuit-il. Puis, le 17 mars, fut instauré le confinement. « Dès lors, il ne s’est plus passé grand-chose, remarque Yann Jéhanno, même si, pendant près de deux mois, nous avons réussi à maintenir 10 % de notre activité. » « Durant ces presque huit semaines, il ne s’est presque rien passé, confirme Laurent Vimont, à l’exception de quelques transactions qui aboutirent » (les offres entre vendeurs et acquéreurs ayant déjà été acceptées avant le confinement).

Laforêt : hausse de 48 % du nombre d’acquéreurs en juin

Et qu’en est-il depuis le 11 mai 2020, date de la réouverture des agences ? « Le redémarrage est explosif, se félicite le président de Laforêt, et il fut même initié dès l’annonce par Emmanuel Macron de la date de levée du confinement. Nous avons été submergés de demandes, notamment des acquéreurs et locataires qui avaient mis leur projet en pause. Nous ne nous attendions pas à un redémarrage aussi rapide : en une semaine, après le 11 mai, nous avions retrouvé 90 % de notre activité d’avant confinement. Depuis, le rebond ne fait que s’amplifier. »

Autre chiffre qui témoigne de ce redémarrage sur les chapeaux de roue pour Laforêt : l’enseigne au 700 agences et élue, en 2019, Meilleure franchise de l’année dans la catégorie immobilier, a enregistré, en juin 2020, une hausse de 48 % du nombre d’acquéreurs et une augmentation des mises en ventes. « Nous profitons à la fois d’un effet de rattrapage et de nouveaux projets, éclaire Yann Jéhanno. Avoir un toit reste un besoin primaire. La crise inédite n’a pas changé la donne. Au contraire même : plus que jamais, la pierre est la valeur refuge par excellence.  »

Century 21 : une audience record pour son site web en mai

Chez Century 21, la photographie du marché post-confinement se révèle (et sans surprise) quasiment identique. Même si, sur l’ensemble du premier semestre 2020, le nombre de ventes au sein de l’enseigne affiche un retrait de 27,6 % par rapport à l’an dernier (car amputé de huit semaines d’activité), « la demande est désormais extrêmement forte, confirme Laurent Vimont. Elle cumule celle des ménages qui avaient entamé leur démarche avant le confinement et celle des candidats acquéreurs pour lesquels cette période inédite à provoquer l’envie d’acheter. »

Et le président de Century 21 France de retenir deux chiffres qui témoignent de cette vitalité retrouvée des affaires : +10 %, soit l’audience record enregistrée par le site internet du réseau en mai 2020, avec plus de 3,1 % millions de visiteurs ; et +10 %, soit la hausse des promesses de ventes enregistrées par le réseau en juin cette année par rapport à la même période de 2019. Quant aux mandats rentrés, toujours en juin, par les agences, « elles sont en légère hausse », complète le président.

Une demande « verte » manifeste ?

Sur un marché où l’offre est restée, au premier semestre 2020, largement inférieure à la demande, la hausse des prix s’est, sur le plan national, mécaniquement poursuivie, soit +2,3 % pour les maisons et +3,1 % pour les appartements. Parmi les achats, « l’investissement locatif reste très présent », observe Yann Jéhanno, soit 24 % des volumes de transactions réalisées.

Quid à présent de l’appétence des Français pour les résidences secondaires ? « Les requêtes des internautes qui souhaitent en acheter une progressent de 57 %, poursuit Laurent Vimont. Quant à la requête « maison de campagne », elle augmente de 156 %. Pourtant, les transactions sont, depuis la levée du confinement, essentiellement destinées à la résidence principale, dont la part remonte à 68,3 %. » Son confrère chez Laforêt diverge sur ce point : « De nouvelles envies sont nées pendant le confinement. La demande « verte » est manifeste et les Français sont nombreux à vouloir s’éloigner des centres-villes. Aussi, nombre d’acquéreurs sont en quête d’une pièce supplémentaire, dans un contexte où le télétravail pourrait être amené à se développer rapidement. » 

Plan de relance sectiorel : pour ou contre ?

Après la culture, le tourisme ou encore l’aérien, le secteur de l’immobilier bénéficiera-t-il, dans les semaines qui viennent, d’un plan de relance sectoriel de soutien ? C’est, en tout cas, ce qu’appellent de leurs vœux immédiatement plusieurs décideurs de la filière, à l’image de Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt. « Le logement est un réacteur de l’économie française sans lequel la reprise ne se fera pas », affirme-t-il. Au rang des mesures qu’il souhaiterait voir adopter dans le cadre dudit plan : l’extension du prêt à taux zéro dans l’ancien à tout le territoire, ainsi que l’élargissement du dispositif Denormandie à toutes les communes sans critères d’éligibilité. Laurent Vimont, président de Century 21, pour sa part, ne veut pas de ce plan. « Le marché de l’ancien ne doit pas être aidé, dit-il. A chaque fois qu’il l’a été, les prix ont baissé. Et si plan de soutien il y a, seul le neuf devra en bénéficier. »