Franchise

« Les acquéreurs ont desserré le frein à main et relancé leur projet d’achat » (Y. Jéhanno, Laforêt)


Hausse de la demande et des transactions, financements plus accessibles, stabilisation des taux : dans un contexte de reprise confirmée de l’immobilier dans l’ancien, Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt, se montre confiant. Mais il alerte sur les effets pervers des politiques fiscales et réglementaires qui freinent l’investissement locatif. Entre diversification des métiers et lancement d’une nouvelle enseigne haut de gamme, Laforêt entend consolider son positionnement.

Yann Jéhanno, président de Laforêt France - © D.R.
Yann Jéhanno, président de Laforêt France - © D.R.

Dans un marché immobilier dans l’ancien qui retrouve des couleurs, le rebond de l’activité se confirme-t-il également au sein du réseau Laforêt ?

Oui, ce rebond de notre activité, déjà amorcé à partir du printemps 2024, se poursuit. Sur douze mois glissants à fin septembre 2025, nous enregistrons une hausse du volume de nos transactions de 16 %.

Cette trajectoire de redressement est la conséquence logique, côté acquéreur, d’un regain de pouvoir d’achat - avec des prix qui avaient baissé de 7 % entre 2023 et 2024 - et des taux d’intérêt qui avaient également reculé de plus d’un point.

Les banques, également, ont joué leur rôle auprès des acquéreurs en rouvrant les robinets du crédit, je pense notamment aux grandes banques nationales qui s’étaient mises un peu à l’écart du marché.

Chez les acquéreurs toujours, une autre tendance se confirme : un certain nombre d’entre eux, et notamment les primo-accédants, avaient misé, cette année, sur une poursuite de la baisse des prix et des taux, avec ce fameux plancher des 3 % qui pouvait, selon certains, être atteint.

Or, au fil des mois, ces acquéreurs ont vu que la baisse des prix et des taux étaient derrière eux, ils ont alors desserré le frein à main et relancé leur projet d’achat.

Dans sa dernière étude conjoncturelle de septembre, le portail SeLoger a pointé un printemps 2025 de l’immobilier un peu décevant. L’avez-vous également observé chez Laforêt ?

Non. Comme évoquait plus haut, le premier semestre 2025 a été, nous concernant, dans la continuité de la fin de 2024, puis l’activité est montée crescendo jusqu’à l’été et cette dynamique haussière se poursuit.

Plus globalement, le marché retrouve ses repères en termes de volume de transactions, de hiérarchie des prix et de taux d’intérêts. Emprunter, comme on le fait aujourd’hui, entre 3 % et 3,5 % est tout à fait normal. Ce qui relevait de l’anormal était d’emprunter à 1 %.

Aussi, plus de 1 million de transactions en France, volume que nous avons connu en 2021, était pareillement singulier et inhabituel, le marché se situant en effet entre 850 000 et 950 000 ventes par an.

Depuis la rentrée de septembre, on voit des barèmes de taux annoncés par les banques en très légère hausse. Doit-on s’attendre à une remontée des taux dans les mois qui viennent ?

Les courtiers et les banques répondront certainement mieux que moi. Celant étant dit, la dernière fois que la BCE (Banque centrale européenne) s’est prononcée sur ses taux directeurs, elle a décidé de ne pas les relever. Et, d’après les informations qui circulent, ses taux ne devraient pas bouger ce mois-ci. Nous sommes donc dans un phase de stabilité.

En revanche, nous connaissons une situation paradoxale en France : le coût auquel l’État emprunte augmente alors que les taux immobiliers ne progressent pas. On peut donc s’attendre à une réaction des taux à minima à la stabilité, c’est la situation que nous vivons actuellement, voire à des politiques de hausse de la part de certains établissements bancaires. Mais si ces hausses interviennent, elles resteront limitées.

Sur la question des prix de l’immobilier, ils affichent une légère progression, à la lecture de votre dernier baromètre, de 1,1 % sur douze mois en France, et même de 1,7 % à Paris. Comment lisez-vous cette remontée ?

C’est la conséquence logique d’un marché qui voit les acquéreurs revenir en force, conjugué à une reprise des transactions. Le tout, dans un marché immobilier où la construction est en berne. Il est donc logique, dans ce contexte de reprise, que les vendeurs aient des ambitions plus importantes.

Cela étant, nous restons, au niveau des prix, dans une dynamique haussière raisonnable : nous devrions finir l’année 2025 en dessous de 2 % de progression.

Les députés Annaïg Le Meur et Iñaki Echaniz viennent de proposer, dans leur dernier rapport parlementaire, de pérenniser et d’étendre l’encadrement des loyers. Est-ce une bonne idée ?

Face à cette fiscalité plus lourde et aux contraintes de plus en plus importantes qui pèsent sur les investisseurs et les propriétaires bailleurs - parmi lesquels figurent l’encadrement des loyers, mais également la hausse de la taxe foncière ou encore les obligations de rénovation énergétique - une première question se pose : cette politique et ce matraquage fiscal nous donnent-ils plus d’investisseurs pour alimenter le parc locatif ? La réponse est non. Entre 2017 et 2025, nous sommes passés, chez Laforêt, de 27 % à 17 % des achats qui ont été réalisés dans le cadre d’un investissement locatif.

Deuxième question : est-il plus facile, aujourd’hui, de devenir locataire ? La réponse est la même : c’est non. En résumé, les propositions qui figurent dans ce rapport ne vont pas dans le bon sens. Ce rapport traduit même une méconnaissance basique des fonctionnements du marché immobilier.

Vous annonciez, en début d’année, la naissance, pour cet automne, d’une nouvelle marque Laforêt positionnée sur le segment du milieu haut de gamme. Ce lancement a-t-il eu lieu ?

Oui, même si nous avons été légèrement retardés pour cause de tracasseries normatives, les autorisations d’enseigne et d’urbanisme nous étant parvenues tardivement. En conséquence, le concept store à cette nouvelle marque ouvrira en octobre, avec un mois de retard, sur le commune du Touquet, sous l’enseigne Laforêt Collection.

Avec elle, nous visons une cinquantaine d’implantations en France, que l’on trouvera en Ile-de-France, sur la Côte d’Azur, à la montagne en station, et dans les villes balnéaires au sein de marchés premiums, à Dinard ou sur l’Ile-de-Ré pour prendre deux exemples. De nombreux candidats à la franchise, notamment en interne, se sont déjà positionnés pour développer cette enseigne.

Quel premier bilan dressez-vous après le lancement de votre offre de syndic en début d’année ?

Il est très positif. Le déploiement du syndic de copropriété au sein du réseau Laforêt se fait plus rapidement que celui de la gestion locative, lancée il y a 13 ans, et qui nous permet de gérer, à ce jour, plus de 70 000 lots. Et pour cause : de nombreux franchisés du réseau ont choisi de lancer cette offre de syndic par de la croissance externe, en rachetant des cabinets.

Dans ce cadre, nous les accompagnons dans leur formation initiale et continue, dans l’adoption des outils, des méthodes, des process, sans oublier pour l’ensemble des questions qui relèvent du marketing.

Comment se porte le parc d’agences Laforêt ?

Avec 720 agences et 4 800 collaborateurs il reste stable, notre objectif n’étant pas d’empiler les points de vente. Nous avons, chaque année, environ 2 000 candidats à la franchise dont nous étudions environ 15 % des dossiers les plus sérieux, et nous en transformons entre 80 et 100. Nous savons, grâce à nos outils de géomarketing, que nous avons un potentiel autour d’un millier d’implantations pour mailler parfaitement le territoire.

L’ambition première, pour la tête de réseau, reste la diversification des métiers, la réussite et la consolidation de nos franchisés, ainsi que celles de leurs collaborateurs.