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« Le CNR Logement a accouché d’une souris » (S. Fritz - Guy Hoquet)

Par Christian Capitaine | Le | Réseau de franchisés

C’est un euphémisme de dire que, en pleine crise du logement en France, les mesures prises par le Conseil national de la refondation Logement ne sont pas à la hauteur des attentes des professionnels de l’immobilier. Prolongation du prêt à taux zéro, mensualisation confirmée du taux d’usure, élargissement de la caution publique « Visale » pour les locataires, fin du dispositif Pinel… Réactions de Stéphane Fritz, président du réseau Guy Hoquet, quelques heures après la diffusion des travaux du CNR Logement.

Stéphane Fritz, président du réseau Guy Hoquet - © D.R.
Stéphane Fritz, président du réseau Guy Hoquet - © D.R.

Plusieurs mesures ont été retenues à l’issue des travaux du Conseil national de la refondation Logement, ce lundi 5 juin 2023. Quelles appréciations en faites-vous ?

Concernant la prolongation de la mensualisation du taux d’usure jusqu’à fin 2023, c’est une bonne nouvelle. Reste la question des conditions d’octroi des crédits immobiliers. Le HCSF (Haut conseil de stabilité financière) avait décidé de les durcir. Il semblerait qu’il souhaite les adoucir [le taux d’endettement est fixé à ce jour à 35 %, NDLR]. Mais nous attendons sa décision. Rien n’est acté.

Il faut libérer la construction de logements

S’agissant du prêt à taux zéro (PTZ), le fait qu’il soit prolongé jusqu’à fin 2027 se révèle une bonne chose, et notamment sous condition de rénovation des logements dans l’ancien. En revanche qu’il soit supprimé pour la maison individuelle est une très mauvaise nouvelle pour le secteur [50 % des PTZ étaient jusqu’à présent accordés pour l’acquisition d’une maison individuelle, NDLR].

Quant à la question de l’accès à la location, l’élargissement de la garantie publique « Visale » est aussi une bonne idée [deux millions de personnes devraient pouvoir en bénéficier, NDLR].

Mais le problème est ailleurs. Il réside dans la pénurie de logements auquel fait face le pays. Il faut libérer la construction.

Vous attendiez-vous à des mesures plus fortes à l’issue de ces travaux ?

Non seulement plus fortes, mais plus concrètes. A l’issue de ce CNR Logement, nous repartons sur un cycle de réflexion. Le CNR Logement a accouché d’une souris. En dehors de quelques mesurettes qui ont été mises en place, et que nous accueillons certes favorablement, il n’y a pas de vrai plan pour le logement qui a été mis sur la table.

Je le répète : ce dont nous avons besoin, c’est de construire du logement. La question est de savoir comment l’on s’y prend ? Nous savons bien que le pays a besoin de 500 000 nouveaux logements par an. Or, nous en construisons à peine 300 000.

Le temps est venu de réfléchir tous ensemble et non pas en silos : pouvoirs publics, agents immobiliers, banques, diagnostiqueurs, syndicats professionnels, acteurs du bâtiment, promoteurs immobiliers… C’est le seul moyen d’accoucher, pour la France, d’une réelle politique du logement.

Quelle est votre réaction suite à la disparition du Pinel ?

Supprimer fin 2024 le dispositif Pinel est une très mauvaise décision

Supprimer à horizon fin 2024 le Pinel, dispositif de défiscalisation qui soutient la construction neuve, est une très mauvaise décision. Il aurait fallu au contraire le prolonger. Il faut aider les investisseurs. Toucher à leur portefeuille est un signe très négatif. Le risque est que les Français n’investissent plus dans la pierre.

Ne pas soutenir la construction neuve, alors que l’on est déjà très en retard, ne va faire qu’accroître la crise du logement avec une flambée des prix dans un contexte de pénurie. Soutenir le neuf est un impératif.

Quelle est la situation du réseau Guy Hoquet sur le plan des affaires dans ce contexte de crise ?

Nous avons clôturé le premier quadrimestre 2023 sur une baisse de 25 % du nombre de nos transactions versus la même période de 2022. Et dans ce contexte de repli généralisé des volumes, tout laisse penser que nous serons, à l’avenir, moins nombreux à exercer en France le métier d’agent immobilier.

Le marché euphorique de ces deux dernières années a sans contexte susciter des vocations…

Cette année, nous atterrirons sur un marché immobilier « normal »

A 1,2 million de transactions en 2021 et 2022, la situation était anormale pour notre marché et notre démographie. Ces deux dernières années ont été boostées artificiellement par le drame du Covid qui a accéléré les déménagements et les décès.

Résultat : nous étions nombreux à vouloir nous lancer sur ce marché de l’immobilier ancien, que ce soit en agence traditionnelle ou en intégrant un réseau de mandataires. Cette année, nous atterrirons sur un marché immobilier « normal », qui suit la démographie de la France, pour atteindre environ 950 000 transactions.

Plusieurs centaines d’agences immobilières ont mis la clé sous la porte ces douze derniers mois. Allez-vous réduire la voilure au sein du réseau Guy Hoquet ?

Au contraire, dans les mois qui viennent nous accélèrerons notre développement. Les réseaux de franchise sont moins impactés que les autres. Dans la franchise, nous pouvons nous soutenir les uns les autres. Nous avions, par exemples, gelé ou étalé les redevances durant la période Covid.

Et nous poursuivrons, chez Guy Hoquet, notre maillage territorial car nous sommes convaincus que des indépendants en souffrance nous rejoindrons pour mieux traverser cette crise que nous vivons.

Concepts clés et définitions : #Taux d’usure