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Le marché immobilier se retourne et chuterait de près de 10 % en 2022 (FNAIM)

Par Christian Capitaine | Le

Même si, à douze mois glissants, le marché français de la transaction immobilière reste dynamique, l’heure est au ralentissement, affirme la FNAIM dans son dernier bilan conjoncturel. Résultat : les ventes devraient chuter de près de 10 % cette année. Du côté des prix, villes moyennes et stations balnéaires affichent les plus forts taux de progression. Etat des lieux et perspectives.

1 175 000 ventes ont été réalisées dans l’ancien sur 12 mois à fin mars - © D.R.
1 175 000 ventes ont été réalisées dans l’ancien sur 12 mois à fin mars - © D.R.

Une activité étale, mais néanmoins « soutenue ». C’est en ces termes que Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier), a dépeint, mercredi 29 juin, l’état des lieux du marché de la transaction dans l’immobilier existant sur douze mois glissants, pour la période se clôturant à fin mars 2022.

« Le marché français, qui est marqué par un volume de transaction réparti de façon assez homogène sur le territoire - et ce, depuis le début de la crise sanitaire - se révèle même le plus dynamique d’Europe », a-t-il ajouté. Ainsi, ce sont 1 175 000 ventes qui ont été réalisées entre mars 2021 et mars 2022 avec, toutefois, une baisse qui se poursuit depuis août 2021 quand ce niveau, sur douze mois, avait atteint 1 211 000 transactions.

-3 % de compromis sur janvier-mai 2022

Un indicateur, toutefois, nous renseigne sur un début de ralentissement de la volumétrie transactionnelle en France : le repli du nombre de compromis signés par les agences adhérentes de la FNAIM, soit -3 % sur les cinq premiers mois de 2022 par rapport à 2021, et même de 6 % sur un an pour le seul mois de mai. « En conséquence, on peut s’attendre à moins de ventes pour cet été 2022 », a repris Jean-Marc Torrollion.

Plus marquante encore - et peut-être plus inquiétante - est l’évolution de l’appétence des Français pour l’acquisition immobilière. Selon le dernier sondage publié par l’organisation syndicale, seulement 31 % des Français interrogés estiment que la conjoncture actuelle se révèle favorable à l’achat d’un bien immobilier, soit 27 points de moins qu’une année plus tôt !

Le frein de l’inflation

Et parmi les freins à l’acquisition qui ont été identifiés par les professionnels : sans surprise, on trouve l’inflation, qui atteignait 5,2 % à fin mai 2022. « Nul doute qu’avec un tel niveau d’inflation, la question du pouvoir d’achat va devenir cruciale pour la très grande majorité des ménages, relevait, lundi 27 juin, Charles Marinakis, président du réseau Century 21, et le « reste-à-vivre » le point d’achoppement quand il s’agira de souscrire un emprunt auprès des établissements bancaires. »

Résultat : parce que 9 % des sondés par la FNAIM pourraient annuler leur projet d’acquisition d’un bien immobilier à cause de l’inflation, « ce sont près de 100 000 ventes qui pourraient ne pas être réalisées dans les mois qui viennent », a déploré Jean-Marc Torrollion.

Prix : quatre villes au-dessus de 4 000 €/m2

Sur le terrain des prix, en revanche, pas d’accalmie. « Même corrigé de l’inflation, les prix ont continué de progresser », a constaté le président de la FNAIM. Si bien que, pour la France entière, les prix ont passé, pour la première fois, la barre des 3 000 euros/m2, soit une hausse, sur un an, de 7,7 % en juin 2022 vs. juin 2021. Et alors que les appartement ont vu leur prix augmenter de 5,2 % (3 797 euros/m2), les maisons ont, elles, affiché des prix en progression de 9,7 % (2 411 euros/m2).

Parmi les villes où l’inflation sur les prix au mètre carré fut la plus élevée, le président de la FNAIM de retenir Avignon, Pau et La Rochelle. « Quatre grandes villes de France affichent désormais des prix au mètre carré au-delà de 4 000 euros : Paris, Lyon, Annecy et La Rochelle », a complété M. Torrollion.

Le boom des stations balnéaires

Autre fait marquant s’agissant de l’évolution des prix de l’immobilier : ceux des villes moyennes et des stations balnéaires ont respectivement progresser deux fois et trois fois plus que ceux des grandes villes du pays.

« Concernant Paris, ses caractéristiques sont identiques depuis le surgissement de la pandémie, a relevé Jean-Marc Torrollion : la ville a non seulement perdu de son attrait auprès des investisseurs, mais également auprès de la clientèle internationale. » De plus, elle fut, au cours de ces récentes années, « victime d’un segment de la clientèle qui a choisi de profiter des opportunités offertes par le télétravail pour investir dans un bien immobilier hors de ses murs.  »

Y-a-t-il une bulle immobilière ?

Quid des perspectives de marché pour les mois à venir ? « Y-a-t-il une bulle immobilière en France ? Non », a tranché Jean-Marc Torrollion. Et pour causes : la hausse des prix est demeurée, en France, plus raisonnable que dans d’autres pays (soit +20 % sur dix ans), le niveau d’épargne des Français reste élevé, l’endettement raisonnable et le chômage à un niveau relativement faible. « En terme d’alternative de placement, l’immobilier reste toujours très intéressant », a remarqué le président de l’organisation.

Reste que la FNAIM table sur une baisse du volume transactionnel, en 2022, compris entre 8 % et 10 % par rapport à 2021, pour revenir ainsi à son niveau de 2019. Et d’en arriver à cette conclusion : « Le marché de l’immobilier est entré dans une zone de turbulence. »