Évaluation

Ma Prime Rénov' : le parc locatif, une priorité

Par Christian Capitaine | Le

Accessible désormais aux propriétaires bailleurs et aux copropriétés, l’aide financière Ma Prime Rénov’ doit être en priorité portée aux logements des copropriétés les plus énergivores, au risque qu’ils disparaissant, à horizon 2028, du parc locatif, affirme Jean-Michel Camizon, président de l’association Plurience.

Ma Prime Rénov' : le parc locatif, une priorité
Ma Prime Rénov' : le parc locatif, une priorité

Ma Prime Rénov’ fait peau neuve. Et ce, doublement. Lancé en janvier 2020, ce dispositif d’aide au financement de travaux de rénovation énergétique (isolation, ventilation, chauffage, etc.) était initialement réservé aux foyers les plus modestes. A partir du 1er janvier 2021, la donne change : il sera accessible à tous les Français, et ce quelles que soient leurs conditions de ressources. Un barème a toutefois était établi, publié début octobre 2020, qui fixe le montant des aides reversées (niveaux Bleu, Jaune, Violet, Rose - ce dernier concernant les plus aisés), et qui prend en compte le revenu fiscal de référence du foyer, sa localité et sa composition.

Ma Prime Rénov’ - © D.R.
Ma Prime Rénov’ - © D.R.

Un dispositif de portée globale et universelle

Deuxième changement : son extension, à partir du 1er janvier 2021, aux propriétaires bailleurs et aux copropriétés (il n’était jusqu’alors réservée qu’aux propriétaires). « Qu’ils puissent bénéficier, aussi, de ce dispositif était une demande forte de notre part, affirme à ImmoMatin Jean-Michel Camizon, président de l’association Plurience. Pour qu’un tel dispositif fonctionne, il doit embarquer un maximum d’acteurs. Il doit être global et universel. Et surtout, servir les gros habitats urbains, avec en tête les copropriétés dont certaines requièrent des travaux de rénovation énergétique si elles ne souhaitent pas disparaître du parc locatif.  »

4,7 millions de logements énergivores

La France compte 10 millions de logements en copropriétés. L’Ademe (Agence de la transition écologique) en a identifié 4,7 millions classés D,E,F,G (soit les classes énergétiques les moins vertueuses sur le plan de la consommation). Pire : sur ces 4,7 millions, 2 millions sont classés F et G (soit les plus énergivores).

Jean-Michel Camizon, président de l’association Plurience - © Jean-Michel Camizon
Jean-Michel Camizon, président de l’association Plurience - © Jean-Michel Camizon

« Et ces précisément sur ces logements que doivent être portés en priorité les efforts, au risque, comme il l’est indiqué dans la loi Elan, qu’il ne soit plus possible de les louer à horizon 2028 », martèle Jean-Michel Camizon.

Etendre le dispositif jusqu’en 2023

Pour l’heure, Ma Prim Rénov’ s’articule autour d’une enveloppe de 2 milliards d’euros, et concerne les devis signés dès le 1er octobre 2020. « Or, ce n’est pas suffisant, regrette le président de l’association Plurience, même si c’est un bon début. Pour satisfaire la demande de rénovation de l’ensemble de ces logements particulièrement énergivores, une enveloppe de 40 milliards serait nécessaire. »

Et Jean-Michel Camizon de formuler une autre requête : « Que ce dispositif s’inscrive dans un temps plus long. 2 milliards d’euros sur deux ans, c’est trop court, surtout considérant qu’en 2020 très peu de travaux auront été votés en AG à cause de leur décalage. Donc, notre demande, à l’association Plurience, est la suivante : étaler Ma Prim Rénov’ jusqu’en 2023 en l’intégrant dans un plan quinquennal de travaux de rénovation énergétique, lui-même fixé dans une loi de programmation, ce qui serait une première dans le monde de l’immobilier. »