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Tribune - Pourquoi n’y a-t-il pas (encore) un « AirBnB de la transaction » ?

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Jusque-là, les mobilités liées à un projet immobilier ne s’envisageaient quasiment jamais hors des frontières. Trop risqué pour les acheteurs, trop compliqué les agents. Entre le retraité qui veut déménager au soleil, le cadre qui veut changer de vie et la famille qui veut s’offrir une résidence secondaire, l’avenir de l’immobilier de transaction sera forcément international

Tribune - Pourquoi n’y a-t-il pas (encore) un « AirBnB de la transaction » ? - © D.R.
Tribune - Pourquoi n’y a-t-il pas (encore) un « AirBnB de la transaction » ? - © D.R.

L’immobilier est longtemps resté un métier local…

Il y a dix ans, qui osait partir à Séville ou à Pise pour le week-end ? En quelques années, la plateforme AirBnB a non seulement pris le pouvoir sur le marché de la location de courte durée mais elle a aussi révolutionné les pratiques du tourisme international. S’il n’existe pas encore d’équivalent sur le marché de la transaction, c’est sans doute à cause des risques qui entourent tout projet immobilier. Cet investissement est si lourd pour les acheteurs sur le plan émotionnel et financier, qu’il est naturellement plus rassurant de rester dans son pays. On connaît la langue, on maîtrise le cadre juridique, etc. Sans compter que la transaction immobilière est une activité dont la règlementation varie significativement d’un pays à l’autre. Résultat : un acheteur français trouve rarement, en France, un agent capable de l’accompagner dans un projet d’achat à l’étranger. Quant aux nombreuses marques immobilières internationales qui cohabitent sur le marché, elles reposent sur un modèle de master-franchise par pays. Les sociétés nationales sont donc totalement indépendantes les unes des autres et les synergies très limitées.

La demande des clients évolue… et ce n’est que le début !

Au-delà de l’engouement pour les résidences secondaires à l’étranger qui repose sur le besoin de soleil et de dépaysement, de nombreuses tendances sociétales vont dans le sens d’une internationalisation de l’immobilier. Les retraités vivent plus longtemps. Le transport aérien « low cost » s’est largement démocratisé. On ne compte plus le nombre de salariés qui veulent tout plaquer pour se reconvertir… et pourquoi pas bénéficier des avantages fiscaux proposés par certains pays. Le tout, dans un contexte éminemment multiculturel. Bref, le monde a changé et les risques liés aux projets immobiliers à l’étranger sont désormais largement maîtrisés. En Europe, la monnaie unique sécurise les risques de change et les recours sont facilités par le droit européen. Certes, l’international reste un marché de niche, mais il est en très forte croissance. En Espagne et au Portugal, 20 % des transactions immobilières en 2018 ont été réalisées par des acheteurs étrangers !

Un changement inexorable… mais sous conditions technologiques

Nul doute, donc, que de nouveaux acteurs vraiment internationaux vont émerger tôt ou tard sur le marché de la transaction. Toutefois, s’ils veulent faire des affaires à l’étranger, les agents immobiliers devront obligatoirement s’organiser autour d’un système international de partage de biens. Un MLS digne de ce nom, autrement dit. Côté consommateurs, le site web, forcément multi-pays, devra s’aligner sur les nouveaux besoins. Par exemple, les critères de recherche ne se focaliseront plus sur le lieu ou l’adresse, mais sur des variables universelles, comme la distance du bien avec le littoral ou avec l’aéroport le plus proche, le prix au m2 ou le type de climat.

Dans la transaction aussi, la globalisation est en marche. Ce processus d’internationalisation sera d’autant plus rapide que les professionnels immobiliers peuvent désormais saisir eux-mêmes des opportunités de mobilité internationale. Et donc accompagner, avec une légitimité sans égale, les projets de leurs clients qui hésitent à déménager à l’étranger. 

Roland Tripard est président du groupe IAD. Diplômé de HEC, ex-Président du groupe SeLoger, il évolue depuis une dizaine d’années dans le secteur de l’immobilier et des technologies

Roland Tripard