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CNR Logement : « Tout un secteur méprisé », selon les acteurs de la promotion immobilière

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« Tout un secteur méprisé. Les annonces du Gouvernement en matière de logement suscitent la colère des professionnels. 200 personnes impliquées et sept mois de travail réduits à néant ? Il n’y a plus de politique du logement », telle est la réaction de sept fédérations de la promotion immobilière (Fnaim, Fédération des promoteurs immobiliers, Fédération Française du Bâtiment, Pôle Habitat Fédération Française du Bâtiment, Réseau Procivis, Union des syndicats de l’immobilier et Union nationale des syndicats français d’architectes) à l’issue des conclusions du CNR Logement, le 5 mai 2023.

Les réactions du secteur de la promotion à l’issue des conclusions du CNR, le 5 mai 2023  - © Nicolas Guyonnet / Hans Lucas
Les réactions du secteur de la promotion à l’issue des conclusions du CNR, le 5 mai 2023 - © Nicolas Guyonnet / Hans Lucas

Les fédérations se demandent si le Gouvernement a « conscience que la situation deviendra hors de contrôle et que toute la chaîne du logement continuera à se bloquer. En sacrifiant le seul outil d’accession à la propriété dans le neuf, le prêt à taux zéro (PTZ), dans plus de 90 % des communes, cela va accroître la fracture entre ceux qui ont les moyens de choisir leur mode d’habiter et ceux qui seront assignés à résidence ».

« La maison individuelle neuve est réservée aux plus riches, à une élite alors que 84 % des Français souhaitent acquérir une maison avec un petit jardin. Ce n’est pas le PTZ rénovation en zone détendue qui résoudra l’équation, car l’achat d’une maison à rénover accompagné de travaux d’ampleur est un budget largement supérieur à l’achat d’une maison neuve », ajoute la Fédération Française des Constructeurs de maisons individuelles (FFC).  

« La suppression du dispositif Pinel, sans aucune contrepartie ou proposition de mesure d’accompagnement, est un message extrêmement négatif. Pour rappel, l’investissement locatif fait l’objet de dispositifs de soutien depuis 1986. Rompre brutalement cette séquence, dans la conjoncture actuelle, revient tout simplement à nier la réalité du besoin des Français de se loger, partout en France et surtout dans les métropoles », indique Loïc Cantin, président de la Fnaim.

« Il y a urgence sur les normes HCSF » (Loïc Cantin, président de la Fnaim)

Loïc Cantin, président de la Fnaim - © D.R.
Loïc Cantin, président de la Fnaim - © D.R.

« Sur les normes HCSF, c’est là qu’il y a urgence. Il faut un assouplissement, mais l’intention de l’exécutif reste floue.

Nous attendions de réelles annonces concernant l’accès à la propriété, en particulier pour les primo-accédants, des annonces fortes concernant la rénovation énergétique et les contraintes qui pèsent sur les propriétaires bailleurs afin d’avoir de la visibilité.

Là encore, aucune annonce, alors que les Français ne peuvent plus attendre. Pas d’annonces, non plus, concernant les propriétaires bailleurs qui ont besoin d’être accompagnés et soutenus pour permettre un accès au logement pour les Français, ou sur les moyens mis en œuvre afin d’augmenter concrètement la production de logements neufs. »

« La construction d’une maison individuelle ne sera plus accessible » (Damien Hereng, président de la FFC)

Damien Hereng, président de la FFC - © D.R.
Damien Hereng, président de la FFC - © D.R.

« La profession dans son ensemble est abasourdie par tant de méconnaissances du secteur de la construction neuve et du secteur du bâtiment en général, finalement par tant d’incompétences ! Les mots sont crus, mais reflètent malheureusement la dure réalité. La construction d’une maison individuelle qui faisait la joie de nombreux primo-accédants ne sera plus accessible pour ces Français.

Monsieur le Ministre en charge de la ville et du logement, vous qui êtes l’heureux propriétaire de 3 maisons, est-ce que vous pourriez prendre la défense du rêve des Français ? Monsieur le Ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, vous qui êtes l’heureux propriétaire d’une maison, est-ce que vous pourriez prendre la défense du rêve des Français ? La liste est longue et nous pourrions égrainer les ministres susceptibles d’être des fervents défenseurs de l’art de vivre à la française, de cette forme d’habitat qui est l’honneur de nos territoires péri-urbains et ruraux ! Ils ont fait le bon choix, mais surtout, ils ont pu faire ce choix. »

« Les financiers de la République sont passés par là » (Emmanuel Launiau, président de Quartus)

Emmanuel Launiau, président de Quartus - © D.R.
Emmanuel Launiau, président de Quartus - © D.R.

« Dans une période d’inflation et de hausse des taux d’intérêts il y a encore beaucoup d’attentes sur la prochaine réunion du Haut Conseil à la Stabilité Financière autour de l’accès au crédit et en particulier sur le desserrement du calcul du reste à charge. Sur les mesures elles-mêmes, et malgré les alertes des fédérations, notons qu’il n’y a rien sur le foncier. Il faudra quand même que l’Etat montre l’exemple sur ses cessions foncières.

Autres grands absents des discussions, l’aide aux maires bâtisseurs ou encore un nouveau dispositif fiscal d’aide à l’investissement locatif privé. Les financiers de la République sont passés par là, alors même que le secteur génère 88 milliards de recettes pour l’Etat. C’est un risque important pris pour cette industrie, risque financier et risque sur l’emploi. 

Sur le logement intermédiaire, nous comprenons que la stratégie est de prendre le relais de l’investissement locatif libre. Pour que ce dispositif soit un succès, il faudra élargir le périmètre et l’autoriser seul, y compris dans les communes carencées en logement social. »