Reconfinement : Oui au droit d’organiser des visites !
Par Christian Capitaine | Le | Réseaux-franchise
Les professionnels de l’immobilier sont vent debout contre l’impossibilité qui leur est faite d’organiser des visites de biens. Sans elles, et alors qu’ils peuvent toujours signer des mandats et réaliser des estimations, c’est toute la chaîne de l’immobilier qui est à l’arrêt. Seront-ils prochainement entendus ? Ils témoignent.
Vendredi 30 octobre 2020 : la France referme ses commerces dits « non-essentiels », dont les agences immobilières. « Cette décision est difficile et dure à encaisser pour la profession, confie Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim. Les agents immobiliers sont inquiets. » Il ajoute : « Nous n’en n’avions pas encore fini de purger les conséquences du « Confinement 1 » que nous voilà plongé dans le « Confinement 2 » à essayer de trouver des solutions. »
Agences fermées : une décision justifiee ?
Quel jugement portent les dirigeants de réseaux sur cette décision de fermeture des agences ? « Même si l’on peut ne pas être d’accord, on peut la comprendre car elle est généralisée à l’ensemble du commerce », observe Eric Allouche, directeur exécutif de ERA Immobilier.
Aussi, nombre de professionnels la jugent « inégalitaire ». Laurent Vimont, président de Century 21, interroge : « Pourquoi, dans ce contexte de nouveau confinement, les courtiers en assurance et en crédit ont le droit, eux, de rester ouverts ? » Sébastien Kuperfis, CEO de Junot, reprend : « Ce n’est pas tant la fermeture de nos agences qui pose problème, c’est davantage l’impossibilité qui nous est faite d’organiser des visites. Sans elles, toute la chaîne de l’immobilier est bloquée ! »
« Dans ces conditions, comment pouvons-nous travailler ? »
Depuis le 30 octobre, la règle est ainsi établie pour les agents immobiliers : oui, ils ont le droit de signer des mandats et des compromis ; oui, ils ont le droit d’organiser des prises de vue dans les biens à vendre, ainsi que des états des lieux ; oui, ils ont le droit de réceptionner les travaux et d’accompagner les déménagements. Mais non : ils n’ont pas le droit d’organiser des visites. « Et dans ces conditions, comment pouvons-nous travailler ? », se désole Eric Allouche.
« Que nous, professionnels, puissions nous rendre chez les vendeurs alors que les acheteurs, eux, ne le peuvent pas est incohérent, rejoint Laurent Vimont. D’autant que nous avons mis en place, depuis plusieurs mois, des protocoles sanitaires strictes pour organiser les visites. » Sébastien Kuperfis rebondit : « Il est d’ailleurs fort à parier que, dans cette situation absurde et fort pénalisante pour nous, des visites illégales auront lieu, organisées par des agents peu scrupuleux… »
Motif dérogatoire de sortie
C’est ainsi que, vent debout, les professionnels de l’immobilier en appel aux pouvoirs publics afin que la visite d’un logement, qu’elle concerne un bien à la vente comme à la location, puisse être assimilée à un motif dérogatoire de sortie. « Notre demande est légitime et attendue, martèle Eric Allouche. Nous pouvons parfaitement encadrer ces visites en les limitant, par exemple, à deux personnes. Puis en signant des bons visites, qui attestent qu’un rendez-vous a bien été pris. Et enfin, en les limitant aux résidences principales. »
Un impact plus fort qu’au printemps ?
Quel impact aura ce reconfinement sur l’activité des professionnels de l’immobilier ? « Il sera certainement plus fort que lors de l’épisode de mars-avril, table Sébastien Kuperfis, car, à son issue, l’activité avait redémarré très fort. En revanche, pour ce nouveau confinement, pas sûr qu’une fois levée nous puissions rattraper les affaires non conclues. » « Si ce deuxième confinement ne dure que quinze jours, son impact sera négligeable, assure Jean-Marc Torrollion. Après un mois, les difficultés deviendraient sérieuses. Et au-delà, à deux mois, la donne sera très problématique. »
Et le président de la Fnaim de formuler ces deux demandes : « Les notaires doivent continuer à signer les actes, aussi bien en distanciel qu’en présentiel. Et nous adressons cette requête aux pouvoirs publics : que les forces commerciales des agences immobilières puissent bénéficier du chômage partiel. » Et de conclure : « Restons optimistes, nous sommes des entrepreneurs et des salariés battants.