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Le digital donne-t-il des ailes aux particuliers ?

Par Aurélie Tachot | Le | Réseaux-franchise

La révolution digitale ne profite pas qu’aux agents immobiliers ! Les particuliers disposent, à leur tour, d’un panel d’outils quasi-professionnels pour vendre ou acheter un bien en toute autonomie. Un mouvement jusqu’ici incarné par le site PAP.fr, qui trouve aujourd’hui de l’écho avec la plateforme de services Homagency

Le digital donne-t-il des ailes aux particuliers ? - © D.R.
Le digital donne-t-il des ailes aux particuliers ? - © D.R.

Cette tendance impacte-t-elle le modèle économique des agences ? A-t-elle une incidence sur la part de transactions entre particuliers ? Eléments de réponse.

Début 2017, les agents immobiliers grinçaient des dents en voyant débarquer Homagency. Et pour cause : la start-up disait vouloir « redonner le pouvoir aux propriétaires vendeurs ». Une ambition déjà formulée par le portail PAP.fr, qui traduit un mouvement de fond : celui d’outiller quiconque se lançant dans un projet immobilier, avec des solutions quasi-professionnelles. « Personne n’est réellement satisfait des agents immobiliers. Nous avons souhaité créer une alternative crédible et économique, en l’occurrence une plateforme de services habituellement utilisés par des professionnels, que nous avons rendus accessibles aux particuliers », explique Olivier Lanza, fondateur d’Homagency et ancien dirigeant de l’activité transaction chez Foncia. Moyennant un abonnement mensuel compris entre 39 et 199 euros, les vendeurs peuvent bénéficier d’un outil de multidiffusion d’annonces sur une cinquantaine de portails (Le Bon Coin, Paru Vendu, mais aussi les portails plutôt réservés aux professionnels comme Explorimmo), du travail d’un photographe, de plans en 3D… « Les particuliers peuvent ainsi jouer à armes égales avec les groupes immobiliers de première importance », résume-t-il. Du moins sur la phase précédant la promesse de vente, sur laquelle Homagency est positionnée.

Bientôt des services « à la carte » ?

Lancé dès 1975, PAP.fr ne cesse d’enrichir sa palette de services à destination des vendeurs et des acquéreurs. « Le digital nous permet de développer toujours plus d’outils car il offre de la simplicité. Il y a deux ans, nous avons par exemple lancé un outil qui permet d’avoir une estimation de prix d’un bien validée par un expert de l’immobilier. Ce mois-ci, nous dévoilerons un outil permettant aux bailleurs de générer des contrats de location, des états des lieux… », illustre Laetitia Caron, directrice générale de PAP.fr. Maintenant qu’ils sont dans les mains des particuliers, ces outils pourraient-ils leur permettre d’endosser le costume d’agent immobilier ? Olivier Lanza parie plutôt sur l’évolution du modèle économique des agences. « Elles devront s’adapter, d’une part en améliorant leur niveau d’exigence, d’autre part en proposant des forfaits packagés comprenant des services à la carte. » Pour Henry Buzy-Cazaux, président de l’IMSI, cette évolution ne serait envisageable qu’à une condition. « Aujourd’hui, les professionnels ne peuvent pas faire payer un avis de valeur s’ils ne vendent pas le bien en question. Le morcellement des prestations est imaginable uniquement si la Loi Hoguet évolue », souligne-t-il.

Pourtant, les agents montent en puissance…

Même si les outils digitaux sont massivement plébiscités par les particuliers, ils sont encore loin de signer l’arrêt de mort des agents immobiliers. « On estime à 31 % la part des transactions réalisées entre particuliers. C’est une proportion importante, mais en constante baisse depuis 10 ans. Preuve que les Français ont de plus en plus besoin d’être rassurés par des experts dans les processus d’achat et de vente », rappelle Henry Buzy-Cazaux, chiffres des notaires à l’appui. Cette montée en puissance des professionnels, le président de l’IMSI attribue à un facteur précis. « La simplicité attribuée aux outils digitaux est illusoire. Sur certains sujets comme la rédaction des avant-contrats, les lettres types qu’offre Internet ne suffissent pas. Même les agents immobiliers font appel à des prestataires tellement l’étape est complexe », précise-t-il. A l’inverse, Henry Buzy-Cazaux estime que l’avènement du digital a crédibilisé le rôle des professionnels. Il suffit de regarder le poids qu’ont désormais les réseaux de mandataires comme Capi et OptimHome, qui allient vitrine digitale et accompagnement humain sur le terrain, pour s’en convaincre. Dans un marché immobilier de plus en plus impacté par des évolutions juridiques, la dimension humaine pourrait devenir encore plus précieuse. L’intermédiation devrait ainsi avoir de beaux jours devant elle.