Franchise

Clap de fin pour Les Agences de Papa, place au metaverse Versity

Par Christian Capitaine | Le | Agence immobilière indépendante

Les Agences de Papa ne sont plus. Place à Versity, outil basé sur la visite virtuelle immersive en 3D des biens immobiliers et de leur environnement. L’activité transaction immobilière de la société demeure. Mais plus aucun investissement n’y sera fait. Le 31 mai dernier, 19,1 millions d’euros furent levés par la société. Pour quel dessein ? Eponger la dette, comme écrit dans certains médias ? Les réponses de Frédéric Ibanez, cofondateur de Versity.

Frédéric Ibanez et Nicolas Fratini, les cofondateurs de Versity - © D.R.
Frédéric Ibanez et Nicolas Fratini, les cofondateurs de Versity - © D.R.

L’abandon du nom « Les Agences de Papa » pour « Versity » signifie-t-il la fin de l’activité commerciale de l’entreprise sur le marché de la transaction immobilière ?

Non. Nous conservons notre portefeuille de clients, notre activité, ainsi que notre équipe. Sur ce pôle dédié à la transaction immobilière, piloté par la société Les Agences de Papa France, détentrice de la carte d’agent immobilier, notre activité est à l’équilibre. Elle s’autofinance. En 2022, nous avons réalisé environ une trentaine de transactions par mois.

Mais nous n’y investirons plus. Nous n’augmenterons pas, non plus, ses effectifs, qui compte aujourd’hui six collaborateurs. A l’avenir, tous les investissements de l’entreprise seront portés sur Versity et sur la partie 3D.

Qu’est-ce que Versity et quel est son modèle économique ?

Versity est une réplique du monde réel en 3D

Versity est une réplique du monde réel en 3D. C’est un « twin » digital. Pour prendre un exemple, avec Versity, nous sommes capables de reproduire le programme d’un promoteur immobilier en 3D. C’est donc la possibilité, pour ses clients, de le visiter à distance, ainsi que son environnement, avant même qu’il ne soit sorti de terre.

Et si l’on parle de Metavers avec Versity, c’est parce que la prochaine étape de son développement sera de pourvoir s’immerger dans les programmes immobiliers des promoteurs avec son avatar. Avec notre outil, nous sommes capables, à partir des plans numériques (ou BIM), d’automatiser leur mise en 3 dimensions. Versity est un outil qui permet au porteur de projet immobilier de se projeter. Il permet également de réaliser du home-staging.

Les promoteurs immobiliers sont-ils la seule cible de clients de Versity ?

En plus des promoteurs immobiliers, nous ciblons les agences immobilières. Versity est un produit bien adapté au segment du luxe.

Sur ce marché de l’immobilier de prestige, il est souvent compliqué d’organiser des visites, soit parce que le propriétaire n’a pas envie de recevoir, soit parce que le bien est confidentiel. Versity permet de visiter le bien à distance. Et aussi de réduire le nombre de visites. Ce qui a pour effet de faire baisser les frais des agences immobilières, et aussi, si elles le décident, leurs commissions pour être plus compétitives dans ce marché devenu difficile.

Nous avons discuté avec des agences immobilières qui souhaitent y développer un corner avec notre outil. Non seulement cela leur évite des déplacements mais en plus Versity donne de la valeur ajoutée à leur espaces de vente.

J’ajoute que Versity est un software. Nous travaillons en mode SaaS. C’est une solution « scalable ». Le lancement de la première version est prévu fin juin 2023. Nous serons alors en mesure, à cette date, de communiquer sur nos tarifs. La solution étant évolutive, nous lui ajouterons régulièrement des fonctions et réaliserons des mises à jour.

Quels objectifs commerciaux vous êtes-vous fixés ?

100 000 transactions dans le neuf en France chaque année

Nous avons, pour l’heure, de nombreuses demandes en provenance de l’étranger. Lors de la présentation de Versity au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, en janvier 2023, des discussions ont été entamées avec des groupes immobiliers étrangers.

Pour ce qui concerne la France, on compte, dans le neuf, chaque année une centaine de milliers de transactions. Notre objectif sera de travailler avec le top 20 des promoteurs immobiliers français. 

Autre étape importante du développement de Versity, dites-vous : la cotation des tokens Versity sur une place de marché numérique. Pour quel dessein ?

Dans cet univers Versity, l’objectif est de créer, pour les promoteurs et les agences immobilières, une communauté. Celle-ci est faite notamment grâce aux tokens (ou actifs numériques). Avoir recours à ces actifs permet, aussi, de rajeunir la clientèle.

Aussi, avec ces tokens, les utilisateurs bénéficient de services. Par exemple : ils peuvent donner droit à une remise sur le montant de la commission de l’agent immobilier. Ces tokens permettront également d’avoir des remises sur du mobilier. Les tokens permettent aux utilisateurs de gagner en pouvoir d’achat.

Le 31 mai, vous avez annoncé avoir bouclé une levée de fonds de 19,1 millions d’euros. Pour quels objectifs ? Effacer la dette ?

Contrairement à ce qui a été écrit dans un autre média, ce n’est pas l’objectif.

Dans le détail, 4 millions d’euros ont été levés via le fonds d’investissement suisse Capital Système Investissements.

Ensuite, 6,7 millions d’euros sont des BSA (bons de souscriptions d’actions), réalisés avec des partenaires stratégiques, dont Capital Système Investissements, soit des personnes qui accèdent au capital.

Puis, avec Nicolas Fratini, l’autre cofondateur des Agences de Papa, nous avons investi 7 millions d’euros, qui proviennent de nos apports dans le société. Et ce n’est pas de la dette. Nous avons amené du cash dans la société. Cela nous a permis de participer à cette augmentation de capital. Nous avons apporté, avec Nicolas, en compte courant et cela a été converti. Enfin, d’autres partenaires hollandais ont apporté environ 1 million d’euros.

La société n’avait pas 15 millions d’euros de dette comme c’était écrit dans les colonnes d’Immo 2. Nous n’avons pas d’autorisation de découvert.

Comment expliquez-vous les pertes que vous accusez sur l’exercice 2022, soit près de 9,5 millions d’euros ?

Nous assumons totalement nos pertes

Nous les assumons totalement. Elles sont en phase avec notre développement. Lorsque l’on développe un produit technologique tel que Versity, il y a de l’investissement. Cet investissement a été réalisé. Et si les pertes sont là, c’est qu’elles ont été sponsorisées.

Cela ne veut pas dire que la société à 9 millions d’euros de dette ou de découvert. Pour revenir à notre levée de fonds de 19,1 millions d’euros, 90 % de cette somme sera consacrée à l’investissement dans l’outil Versity. Et nous gardons une ligne de 10 % pour la partie immobilière.