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Paris ne séduit plus les investisseurs fortunés

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Echaudées par les réformes fiscales françaises, les grandes fortunes mondiales délaissent de plus en plus Paris au profit de Londres, New York et Hong-Kong. Grâce à un marché euphorique, Miami a détrôné Paris à la quatrième place des villes les plus attractives en termes d’investissement haut de gamme

Paris ne séduit plus les investisseurs fortunés
Paris ne séduit plus les investisseurs fortunés

Coup dur pour la France : Paris peine à charmer les plus fortunés de la planète. La capitale, jadis à la 4e place des villes dans lesquelles les plus riches investissent, n’occupe que la 6e position du classement de Wealth Report 2013, derrière le trio de tête formé par Londres, New York, Hong-Kong, puis Miami et Singapour. Les villes de Genève, Berlin, Shanghai et Beijing achèvent, quant à elles, le classement du top 10. La lourdeur du système fiscal français - notamment la taxation sur les plus-values immobilières - semble refroidir un bon nombre d’investisseurs, notamment étrangers. Résultat : « les grands appartements et les hôtels particuliers trouvent difficilement preneur à Paris », constate Thibault de Saint Vincent, président du groupe Barnes. Sur cette gamme de biens, les transactions se réalisent à des prix de 10 à 20 % inférieurs à ceux pratiqués début 2012.

Un marché de nouveau raisonnable

Ce n’est pas parce que la capitale est boudée par les fortunes mondiales qu’elle est dénuée d’intérêt à leurs yeux, rassure Thibault de Saint Vincent. En 2013, les acquéreurs les plus riches se sont tournés vers des petites et moyennes surfaces légèrement inférieures à 2 millions d’euros. « A Paris, le marché de l’immobilier de luxe reste dynamique. Les Russes et les Moyen-Orientaux en quête de placements sécurisés continuent d’y investir. Les Américains, qui ont perdu toute confiance dans leurs banques, réapparaissent sur le marché haut-de-gamme et ont un fort pouvoir d’achat. » Autre conséquence de la fuite des investisseurs : le marché se rationnalise. « Les biens nécessitant des travaux ou comportant des défauts enregistrent une décote de 15 à 20 % », précise-t-il. La banlieue proche de Paris n’échappe pas à la tendance. « Il n’y a plus d’excès comme durant les années d’avant-crise, confirme Richard Tzipine, directeur général de Barnes. A Neuilly-sur-Seine, une maison vendue à 5 ou 6 millions d’euros en 2008 ne dépasse pas les 3 millions aujourd’hui. »

Paris n’a pas dit son dernier mot

Si la capitale n’attire plus autant d’investisseurs fortunés, elle n’en demeure pas moins attractive en matière de prix. « En 2009, Paris était 20 % moins chère que Londres et 10 % plus chère que New York. Désormais, Manhattan et le centre de Londres sont respectivement 70 % et 2,2 fois plus chers que Paris », décrypte Thibault de Saint Vincent. Comparés aux autres villes, les prix parisiens deviennent donc compétitifs, même « donnés », ose le président de Barnes. Conséquence : les français les plus aisés profitent de la moindre concurrence étrangère pour investir davantage en faveur de leur résidence principale, épargnée par la taxation des plus-values. Enfin, l’attractivité des prix pourrait prochainement attirer des investisseurs fortunés d’Algérie, de Libye, d’Egypte et de Tunisie qui sont confrontés à l’instabilité du Moyen-Orient et « dont l’arrivée pourrait favoriser une reprise du marché », conclut-il.

Aurélie Tachot