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« Nous sommes une solution solidaire aux logements vacants » Delphine Barthe, Stirrup

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Eviter la vacance de certains logements tout en permettant à certaines personnes de bénéficier temporairement d’un logement, c’est l’idée qu’a eue Delphine Barthe en développant Stirrup, une plateforme qui relie les professionnels de l’immobilier et les associations d’accompagnement et d’insertion professionnelle. Rencontre.

Stirrup - © D.R.
Stirrup - © D.R.

Comment est née l’idée de Stirrup ?

Il y a deux ans, je participais à une distribution alimentaire dans un camp de migrants près du centre-ville de Lille et j’ai rencontré une femme enceinte. Cela me paraissait inimaginable de donner naissance tout en étant à la rue. Mon grand-père qui a connu la seconde guerre mondiale a été recueilli. J’avais une sorte de dette de solidarité. Nous avions un bien familial vacant en SCI. J’ai donc inventé un nouvel outil juridique pour pouvoir accueillir cette famille : le contrat de prêt de logement. Ainsi, je l’ai étendu pour pouvoir proposer cette solution à d’autres et Stirrup a ainsi vu le jour.

Concrètement, comment fonctionne Stirrup ?

Stirrup est une plateforme internet. Nous sommes une start-up et nous avons la chance d’être incubés à Euratechnologies. Je ne m’adresse uniquement aux professionnels de l’immobilier qui ont des logements vacants ou qui doivent le rester parce qu’il y a une transaction immobilière qui va avoir lieu plus tard par exemple. Le site propose de mettre en relation ces professionnels de l’immobilier et des associations qui s’occupent de personnes en grande précarité (des migrants, des femmes victimes de violences, des personnes qui connaissent un accident de parcours, etc.) et qui ont besoin d’une solution temporaire d’hébergement. Le contrat de prêt est signé entre l’association et le professionnel de l’immobilier. Stirrup a un rôle d’intermédiaire, de facilitateur, un peu de commercial finalement.

Quel est l’intérêt pour les professionnels de l’immobilier ?

Il est multiple et se joue à plusieurs niveaux. Tout d’abord, ils prêtent par solidarité. Ensuite, en évitant la vacance, ils se prémunissent d’éventuelles dégradations, de squat ou de tag. Et, comme il s’agit d’un don en nature à une association d’intérêt général, ils peuvent défiscaliser une partie. Le résultat est concret et palpable : des personnes, solvables, mais qui ont rencontré des difficultés ou un accident dans leur parcours, vont pouvoir bénéficier d’une solution d’hébergement gratuitement. Le contrat de prélogement dure six mois. Cette domiciliation est un véritable tremplin qui va permettre à la personne logée d’ouvrir un compte bancaire et ainsi lui faciliter toutes ses démarches administratives. D’où le nom de Stirrup, pour étrier, dans le sens de mettre le pied à l’étrier. Il s’agit d’une start-up business à impact social. La plateforme digitalise toute la relation contractuelle. Nous sommes en cours de création d’une SASU. Depuis sa création, nous en sommes au 7ème logement prêté. Notre objectif est d’atteindre une trentaine avant la fin d’année et 3000 d’ici 2022. Pour l’instant, nous sommes présents sur la métropole lilloise mais nous serons bientôt dans la région Hauts-de-France et nous avons vocation à être présent sur l’ensemble du territoire d’ici un an, sachant qu’il y a un potentiel énorme en France puisque l’estimation de logements vacants s’élève à 3 millions.

Par Nadia Vanloven