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« Les acheteurs vont revenir au centre du jeu » (Marc Julien, président d’Agences Réunies)

Par Christian Capitaine | Le | Agence immobilière indépendante

Président, depuis avril 2020, d’Agences Réunies (une centaine d’agences immobilières de proximité implantées en France), Marc Julien nous décrit sa feuille de route, où figure notamment la création d’une nouvelle enseigne affiliée au groupement. Et nous livre sa vision du marché de la transaction dans l’ancien où devrait s’opérer un rééquilibrage entre les aspirations respectives des vendeurs et acheteurs.

Marc Julien, président du groupement Agences Réunies - © D.R.
Marc Julien, président du groupement Agences Réunies - © D.R.

Pouvez-vous revenir sur les conditions du changement de gouvernance de votre groupement en avril 2020 ?

Ce fut davantage une évolution de notre gouvernance qu’un changement en profondeur. Car, d’une part, j’assurais déjà, avant de prendre la présidence du groupement, sa direction générale depuis quatre ans ; d’autre part, notre nouveau directeur général, Gilles Parent, dirigeant de la Compagnie immobilière Parent, un homme de terrain, bon animateur de réseau et très apprécié des agents immobiliers, occupait déjà la fonction d’administrateur.

Quelles ont été les raisons de ce changement ?

Fin 2019, le groupement s’est trouvé face à un problème classique de croissance : nous étions passés, sous la présidence d’André Perrissel, mon prédécesseur, de 40 à 160 agences, si l’on intègre les points de vente du groupement Imogroup avec qui nous formons un groupement de groupement. Le temps était venu d’accélérer le déploiement de nos services à destination de nos adhérents, une charge qui m’incombait lorsque j’étais directeur général du groupement. Notre conseil d’administration s’est alors réuni et a décidé, à l’unanimité, de changer de gouvernance et de me confier la présidence du groupement.

Quels sont les chantiers prioritaires inscrits sur votre feuille de route ?

Je m’attacherais, tout d’abord, à renforcer notre offre de services pour nos agences immobilières. Sur ce terrain, leur niveau d’exigence s’est considérablement accru ces dernières années. Et il s’exprime, notamment, au travers des rapports, souvent de force, que nous entretenons avec les acteurs de la Proptech. Je prends l’exemple avec les portails d’annonces. Nos adhérents attendent de leur gouvernance des négociations, avec ces fournisseurs de la Proptech, à la fois justes et précises : ils attendent de notre part des résultats, à la fois sur le plan tarifaire et au niveau de la qualité de services apportée.

Deuxième chantier prioritaire : le déploiement physique de nos agences en province. Pour nous en donner les moyens, nous venons de boucler une levée de fonds, réalisée exclusivement en interne (ce qui constitue une réelle marque de confiance pour notre gouvernance,) qui a permis d’élever notre capital social à hauteur de 490 000 euros.

Grâce à ce tour de table, nous avons embauché quatre personnes : deux affectées au développement du réseau, et deux autres à notre pôle marketing. Parmi les zones géographiques que nous ciblons prioritairement, citons la côte Atlantique et le Grand Ouest, le bassin méditerranéen, la région lyonnaise et les Alpes, là, en somme, où la demande se révèle la plus forte.

Quels sont vos objectifs de déploiement sur l’ensemble du territoire ?

Si fin 2022 nous comptons 200 agences, soit un rythme d’ouverture annuel de 40 à 50 nouvelles unités, nous serons très satisfaits. Avec un panier moyen plus élevé, l’objectif est également de doubler, à cette échéance, notre chiffre d’affaires. Pour y parvenir, nous venons d’ouvrir un chantier dont nous vous livrons la teneur en exclusivité : la création d’une enseigne Agences Réunies, que pourront donc porter nos adhérents, et à laquelle seront associés des services intégrés, ainsi qu’un support marketing dédié, et ce de façon permanente.

L’objectif ici est le suivant : pouvoir fédérer, sous une même marque, des professionnels de tailles plus modestes que les experts, ou aguerris, qui structurent déjà notre réseau. Pour intégrer l’enseigne, il n’y aura pas de droit d’entrée, il faudra uniquement s’acquitter, la première année, d’une redevance trimestrielle de 999 euros, qui passera, en année 2, à 599 euros.

Sur le plan des affaires, quel bilan dressez-vous de l’année 2020 ?

Le marché devrait se clôturer, cette année, sur le plan national, sur un volume de 750 000 transactions, soit en repli de 25 % par rapport à 2019. Cela étant, un marché à 750 000 transactions reste un marché qui nous permet de vivre sans mal ! Il va certainement falloir à apprendre à composer, à l’avenir, avec des périodes autres que celles euphoriques que nous avons connues. Conséquence : un rééquilibrage va nécessairement s’opérer entre les vendeurs et les acheteurs. Ces derniers vont revenir au centre du jeu : les agents immobiliers vont devoir s’occuper davantage de leur base, et pas uniquement des vendeurs.

On observe une forte appétence des acquéreurs pour les moyennes agglomérations au détriment des grandes villes. Ces dernières, sur le plan de la demande, vont-elles davantage souffrir ?

Certes le télétravail se développe, ce qui profite à ces moyennes agglomérations, mais les bassins d’emploi n’ont pas subitement changé avec la crise sanitaire. Et le travail à distance ne concerne que 12 % des salariés. Cela étant, on observe, c’est vrai, un glissement, en Ile-de-France, de la demande vers la banlieue. Et cela se vérifie dans les chiffres : au troisième trimestre, les prix ont stagné à Paris alors qu’en banlieue les maisons ont vu leur prix progresser.

Et ce phénomène se vérifie également en province. Il nous faudra assurément répondre de plus en plus à cette demande de maisons ou d’appartements avec extérieur. Et on peut penser également que les biens sans extérieurs ou éloignés des parcs et jardins auront plus de mal à trouver acquéreur.

Création d’une centrale d’immobilier neuf

L’année 2020, qui a vu notamment le groupement investir son nouveau siège social du 8e arrondissement parisien, est marquée également chez Agences Réunies par la création d’une centrale d’immobilier neuf. Fin connaisseur du logement neuf (il a fondé, il y a 14 ans, le premier cabinet de courtage en immobilier neuf : Pierre Invest), Marc Julien, président d’Agences Réunies, affirme que ce nouveau service va notamment permettre aux adhérents de compenser une baisse de rentrer de mandats. « Grâce à un seul rendez-vous, leurs clients pourront avoir accès à toute l’étendue de l’offre de nos promoteurs partenaires », précise-t-il.