Salon RENT : « La crise est profonde mais je viens avec de l’optimisme » (Vincent Jeanbrun, ministre).
« La crise est là, elle est profonde, mais je viens avec de l’optimisme », a déclaré Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement, au côté d’Edward Alkwright, directeur général d’Altarea, de Yannick Borde, président du Réseau Procivis, et de Loïc Cantin, président de la Fnaim, à l’occasion du Salon RENT 2025, à Paris, le 5 novembre 2025.
Dans le cadre d’une table-ronde qui les a réunis, sur le RENT 2025, salon de la proptech et de l’immobilier, les intervenants ont dressé un constat partagé : la crise du logement est « profonde », « structurelle » et appelle des réponses rapides, coordonnées et durables.
Le ministre a détaillé les contours d’un plan d’urgence pour le logement, appelé à rassembler des majorités parlementaires transpartisanes. Il a également exprimé son soutien à plusieurs mesures concrètes portées par les acteurs du secteur.
Parmi les autres messages clés, Yannick Borde, président du Réseau Procivis, a défendu un changement d’échelle dans le financement de la rénovation, en activant des prêts collectifs pour les copropriétés et en consolidant un guichet bancaire unique ('Banque de la rénovation').
Loïc Cantin a plaidé pour une suspension du seuil d’indécence énergétique prévu en 2028, dénonçant une « politique de sanctions sans incitations unique en Europe ».
Edward Arkwright a souligné la dépendance de l’ensemble de la filière à la solidité du modèle économique du logement social, appelant à « restaurer un choc de confiance » pour relancer la production.
Voici ce qu’il faut retenir de l’intervention du ministre de la Ville et du Logement :
« On ne va pas ici se demander si la crise est réelle : elle est profonde. Mais j’ai la conviction que l’on peut dégager des majorités de projets, même sans majorité politique classique. Le Premier ministre m’a confié la mission de porter un plan d’urgence, et je le fais avec passion », a déclaré Vincent Jeanbrun.
Parmi les principaux axes fixés par le ministre :
- « Il faut retrouver le chemin de l’investissement dans la pierre, car la relance du logement privé conditionne celle du logement social. C’est tout le parcours résidentiel qui en dépend » ;
- « La Banque de la rénovation ? C’est un outil très puissant : pas besoin d’argent public, juste d’un soutien politique. J’apporte mon appui clair et net, même si je n’ai pas encore terminé de rencontrer tous les acteurs. »
- « MaPrimeRénov’ sera recentrée sur les foyers les plus modestes et les logements les plus dégradés. Il faut sortir de la logique de stop-and-go et offrir de la visibilité » ;
- « Concernant le DPE, il faut assouplir sans renoncer à nos ambitions climatiques. Une évolution est nécessaire pour les logements patrimoniaux : on ne peut pas les classer F ou G s’ils sont inrénovables sans les détruire. »
- « Sur le statut du bailleur privé, un amendement gouvernemental a été déposé. Le texte va être transmis au Sénat avec les propositions issues du débat parlementaire. On crée les conditions du consensus. »
« Ce n’est pas un problème d’argent, mais de volonté collective » (V. Jeanbrun)
Et Vincent Jeanbrun d’ajouter : « L’État n’est pas ruiné : il dépense plus qu’il ne gagne. Ce n’est pas un problème d’argent, mais de volonté collective. Il faut dégager des marges de manœuvre, mais surtout rétablir un choc de confiance. Le débat parlementaire est complexe, mais il peut accoucher de solutions communes ».
« Le logement est devenu une priorité transpartisane. Simplifier les règles, accélérer les recours, réformer l’expulsion : nous aurons l’occasion d’y revenir. Mais je veux envoyer un signal positif à la profession. »
« Suspension immédiate de l’indécence DPE » (Loïc Cantin, Fnaim)
« 740 000 logements classés F seront jugés indécents en 2028. On n’y arrivera pas. La Fnaim est claire : il faut suspendre cette mesure, a déclaré Loïc Cantin, président de la Fnaim, lors de cette table-ronde. Le cadre est par ailleurs instable, entre les rétropédalages qu’on a connus sur MaPrimeRénov’ et le “stop-and-go” réglementaire.
« On ne peut pas, d’un côté, proclamer un statut du bailleur privé, et de l’autre, sanctionner massivement des propriétaires sans les moyens de rénover. La France est le seul pays européen à avoir choisi la sanction plutôt que l’incitation. L’exemplarité ne doit pas être punitive ».
« Le logement n’est pas un luxe de rentier. Un quart des Français sont logés par des petits bailleurs. Quand il n’y a plus de rentabilité, ce sont ces familles qui sont menacées. On menace d’interdire de louer alors que des millions de Français manquent de logements ».