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Annonces immobilières : la moitié des internautes les regardent « pour voir »


Un Français sur deux consulte des annonces immobilières sans intention d’acheter. C’est l’un des principaux enseignements d’une enquête menée en juin 2025 par Notariat Services auprès des internautes du portail immonot.com. Ce phénomène de « tourisme immobilier », longtemps marginal, devient une pratique courante. Avec quelles conséquences pour les agents immobiliers ?

Tourisme immobilier : un Français sur deux consulte les annonces sans projet d’achat - © Immonot
Tourisme immobilier : un Français sur deux consulte les annonces sans projet d’achat - © Immonot

Selon cette enquête menée auprès de 1 164 internautes, près de 50 % des répondants reconnaissent consulter régulièrement des annonces sans avoir de projet d’achat à court terme.

Parmi eux, 26 % surveillent le marché, 17 % le font par simple plaisir, et 16 % comparent avec leur logement actuel. Plus surprenant, 11 % avouent avoir visité un bien sans aucune intention d’achat.

Ces comportements ne relèvent pas simplement de la curiosité : plus de 55 % des sondés considèrent cette habitude comme une veille stratégique utile. Pour eux, il s’agit de comprendre le marché, d’anticiper un futur projet, ou simplement de se familiariser avec les codes immobiliers. Seuls 27 % y voient une perte de temps, et 13 % une distraction sans valeur.

Rêver, comparer, s’évader…

Derrière cette pratique se cachent des motivations variées. Près de 63 % des sondés déclarent consulter parfois des annonces totalement hors budget « juste pour rêver ».

Cette projection vers un ailleurs — une vie différente, un autre lieu — confère aux annonces immobilières une fonction bien plus large que celle de trouver un bien : elles deviennent un support d’imaginaire.

6 % des répondants déclarent même le faire régulièrement, intégrant ces recherches à leurs routines numériques, au même titre qu’une navigation sur les réseaux sociaux ou les plateformes de streaming.

Une ambivalence face à la visite physique

Mais si l’exploration en ligne est assumée, elle devient plus délicate sur le terrain. Près de 6 Français sur 10 avouent avoir déjà ressenti une gêne lors d’une visite sans réelle intention d’achat. Le passage du virtuel au réel installe un malaise, révélant un rapport ambivalent : on rêve derrière l’écran, mais on culpabilise en franchissant le pas de la porte.

Pour les professionnels, cela soulève une problématique bien concrète : comment distinguer les curieux des acheteurs sérieux ? Et surtout, comment capitaliser sur cette phase de veille, souvent perçue comme improductive ?

Des pistes pour transformer l’intérêt passif en opportunité

L’étude offre aussi des leviers d’action. Loin d’être une contrainte, ce nouveau comportement peut devenir une opportunité pour les notaires et agents immobiliers. Il s’agit de repenser l’accompagnement dès les premières phases d’un projet, même flou.

Plusieurs pistes émergent :

  • Proposer des rendez-vous d’information préalables pour aider les internautes à structurer leurs intentions ;
  • Renforcer la présence éditoriale sur les portails d’annonces afin d’accompagner le public dans sa navigation ;
  • Développer des outils d’aide à la projection : simulateurs, conseils en vidéo, diagnostics territoriaux, etc.

Comme le souligne Nathalie Duny, directrice de la communication de Notariat Services : « Le notaire n’est pas seulement l’acteur de la transaction. Il peut et doit devenir un éclaireur, une boussole, dès le moment où naît une envie ou une simple interrogation. »

Vers un immobilier de l’attention

Ce nouveau paradigme engage à considérer l’immobilier non plus uniquement comme un acte de possession, mais comme une expérience de projection.

Dans un monde où l’accès à l’information est immédiat, les professionnels doivent capter l’attention bien avant l’acte d’achat. Le tourisme immobilier devient ainsi un maillon stratégique dans la chaîne de décision.

L’enjeu n’est plus seulement de vendre, mais d’accompagner les aspirations, même embryonnaires, en instaurant une relation de confiance dès les premières consultations. Un défi de taille, mais aussi une formidable opportunité pour ceux qui sauront capter ces signaux faibles et les transformer en projets concrets.