L’achat immobilier, un acte « sous haute tension psychologique » (Notariat Services)
Une enquête menée par Notariat Services auprès de 1 620 internautes met en lumière une réalité peu répandua : six Français sur dix ressentent une anxiété profonde à l’idée d’acheter un bien immobilier. Loin des seules contraintes financières, cette angoisse touche à la légitimité, à la peur du mauvais choix et à une forme d’insécurité psychologique face à l’acte d’achat.
Phénomène inattendu : plus d’un Français sur deux (55 %) avoue s’être déjà senti illégitime lors de visites immobilières. Ce sentiment d’« imposture », plus souvent observé dans le monde professionnel, s’exprime désormais dans le parcours résidentiel.
« Je ne pourrai jamais me le permettre » : une phrase qui résume la fracture émotionnelle vécue par de nombreux acheteurs, notamment dans certains quartiers ou face à des biens jugés « au-dessus de leur niveau ».
Un signal faible que les professionnels du secteur gagneraient à décrypter, tant il influence les décisions — voire les renoncements — d’achat.
La peur de se tromper, premier moteur d’angoisse
Selon l’étude, 31 % des répondants citent la crainte de faire le mauvais choix comme leur principale source de stress. Ce doute se double d’une méfiance croissante envers le marché : 39 % redoutent de découvrir des vices cachés après l’achat, 23 % craignent de regretter leur décision, et 22 % appréhendent d’être coincés dans un quartier en déclin.
Autant d’indicateurs d’un rapport anxieux à la propriété, nourri par un contexte économique tendu et une offre perçue comme risquée.
L’anxiété immobilière, un phénomène de masse
Au-delà des déclarations conscientes, les marqueurs émotionnels identifiés par Notariat Services révèlent une anxiété sous-jacente généralisée. 35 % des sondés décrivent des émotions négatives dominantes — stress, angoisse, voire terreur — face à leur projet d’achat. 34 % se disent paralysés face à la multiplicité des choix, et un quart avoue se méfier spontanément des biens qui leur plaisent.
Une ambivalence émotionnelle qui freine le passage à l’acte et complique la mission des intermédiaires immobiliers.
Le notaire, figure de réassurance ?
Dans cet univers d’incertitude, le notaire émerge comme un repère de confiance. 38 % des Français le perçoivent comme une « sécurité juridique rassurante », et 30 % comme « un professionnel qui protège leurs intérêts ».
Fait notable : près d’un acheteur sur deux (45 %) souhaite le consulter dès les premières étapes du projet, bien avant la signature. Cette évolution redéfinit le rôle du notaire, désormais attendu non seulement comme garant juridique, mais aussi comme accompagnateur psychologique.
« En 55 ans d’expertise au service des notaires, nous découvrons que leurs clients expriment aujourd’hui des besoins émotionnels inédits dans leurs recherches immobilières », souligne François-Xavier Duny, PDG de Notariat Services. Plus de la moitié recherchent une légitimité, une réassurance. C’est ce que nous nous efforçons de leur apporter à travers nos contenus et nos outils d’accompagnement. »
Femmes et primo-accédants, profils les plus vulnérables
L’analyse sociologique de l’étude identifie deux catégories particulièrement exposées à cette anxiété immobilière :
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Les femmes, légèrement surreprésentées (57 %), manifestent une sensibilité accrue aux dimensions émotionnelles de l’achat ;
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Les primo-accédants, souvent dépourvus de repères, vivent une angoisse plus forte liée à leur légitimité et à la peur de l’erreur.
Deux publics que les acteurs du marché — promoteurs, agents, notaires — devront mieux accompagner pour fluidifier les parcours.