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« Enrichir notre offre et bâtir un écosystème complet pour les agences » (R. Mahfoud, Orisha Real Estate)


Reda Mahfoud, le nouveau CEO de la division immobilière de l’éditeur de logiciels Orisha, entend poursuivre la stratégie de croissance du groupe, entre innovation sur les produits et acquisitions ciblées. Après le rachat d’ApiBots, dédié au marketing local des réseaux immobiliers, le dirigeant veut accélérer la création d’un écosystème technologique intégré pour soutenir la performance des 70 000 utilisateurs des solutions de sa division. Interview.

Reda Mahfoud, CEO d’Orisha Real Estate. - © D.R.
Reda Mahfoud, CEO d’Orisha Real Estate. - © D.R.

Pourriez-vous rappeler votre parcours et revenir sur les conditions dans lesquelles vous venez d’être nommé CEO d’Orisha Real Estate ?

Après une expérience dans le conseil puis au sein d’une entreprise spécialisée dans la relation client qui m’a amené à œuvrer sur des opérations de grandes envergures (avec notamment un périmètre de plus de 5 000 collaborateurs), j’ai travaillé, ces cinq dernières années, chez Malt, un acteur tech à la fois agile et innovant, qui a su bousculer et disrupter le monde du financing.

Si j’ai rejoint Orisha Real Estate et le monde de l’immobilier, c’est parce que j’y ai notamment retrouvé cette même ambition de transformation stratégique et de pilotage d’opérations d’envergures.

Nous avons, chez Orisha, un enjeu fort à déployer des solutions technologiques concrètes sur lesquelles nous allons, avec mes équipes, pouvoir œuvrer.

Mettre la puissance du groupe au service des professionnels de l’immobilier

Orisha est une entreprise qui va vite, qui a une ambition forte et qui est soutenue par des actionnaires également très ambitieux sur le plan du développement.

Participer à cette croissance organique et externe est, sur un plan personnel, forcément très enrichissant. Le fait de mettre cette puissance du groupe au service des professionnels de l’immobilier, avec cette volonté de simplifier leur quotidien professionnel, est un argument qui a su me convaincre très vite.

Que pèse aujourd’hui l’activité d’Orisha Real Estate ?

Notre division, qui compte 500 collaborateurs, commercialise ses solutions auprès d’environ 70 000 utilisateurs.

Avec une part de marché de plus de 40 % sur les segments de la transaction et de l’administration de biens, elle a réalisé, à la clôture de son dernier exercice, un chiffre d’affaires de plus de 90 millions d’euros, pour un CA total groupe de 350 millions d’euros avec 2 500 personnes.

J’ajoute que notre division Orisha Real Estate fournit tous les profils d’agents immobiliers, avec 60 % de notre CA provenant des agences indépendantes et 40 % des réseaux immobiliers et groupements de mandataires.

Quelle est la feuille de route que vous souhaitez impulser pour votre division dans les prochains mois ?

Nous allons mener trois principaux chantiers. Le premier concernera la proximité client et l’innovation. Orisha Real Estate dispose, dans son périmètre d’action, d’une multitude de produits, dont des pépites que nous avons acquises récemment et d’autres plus anciennes tout à fait fiables, mais qui ne communiquent pas nécessairement entre elles.

En conséquence, un enjeu fort, pour nous, va consister à ne plus travailler sur nos solutions de façon indépendante, mais de revenir vers le client et lui proposer, car c’est ce qu’il attend, un écosystème de solutions.

Nous voulons offrir à nos clients un écosystème de solutions, c’est ce qu’ils attendent

Autre chantier sur lequel nous travaillerons, celui qui concerne la sécurité et la conformité. En termes de fiabilité et d’évolutivité de nos solutions, nous nous devons d’être irréprochables. Ce qui implique de commercialiser des solutions qui permettent d’être en phase, voire d’anticiper, la réglementation, qui est changeante dans l’univers de l’immobilier, notamment pour tout ce qui concerne le volet comptabilité.

Troisième volet de notre feuille de route, que j’évoquais plus haut : mettre tout en œuvre pour que nous soyons capables de proposer un écosystème intégré, avec des solutions qui communiquent entre elles.

Je prends un exemple : de plus en plus d’agences, historiquement présentes sur le marché de la transaction, décident de diversifier leur activité en se positionnant également sur le segment de la gestion locative. Or, ces acteurs ont désormais de nouveaux besoins en termes de solutions, avec des fonctionnalités nouvelles, notamment comptables.

Cette ambition passe-t-elle aussi par de la croissance externe ? Vous venez, en effet, de racheter la solution ApiBots, qui ambitionne de « révolutionner le marketing local des réseaux d’agences immobilières ».

Absolument. Le rachat d’ApiBots, qui a été officialisé le 10 octobre dernier, aidera nos clients agents immobiliers à accroître leur visibilité sur les réseaux sociaux, mais également à mettre en avant leurs avis-clients.

Pour les professionnels de l’immobilier, communiquer sur les réseaux est devenu un enjeu majeur, et c’est une tâche qui est souvent pour eux chronophage.

A votre arrivée dans l’immobilier, quel a été votre regard, en matière d’avancement sur le plan digital du secteur, par rapport aux autres univers professionnels que vous connaissiez ? Était-il en retard ? En avance ?

Je dirais plutôt en retard. Mais je précise ma pensée : dans le secteur de l’immobilier, il y a un besoin d’urgence, en termes d’outillages digitaux, qui est inférieur à celui que l’on peut avoir dans des univers et des métiers plus productivistes. Et pour cause : le cœur de la valeur ajoutée dans l’immobilier reste le relationnel, un domaine que l’on ne peut pas rendre plus productiviste avec les outils. Donc, il n’est pas anormal que la digitalisation du secteur immobilier soit moins avancée que dans d’autres univers.

Quelle place accorde Orisha Real Estate à l’intelligence artificielle dans ses développements ?

On touche là un point crucial. En effet, l’IA est là aussi pour maximiser ce temps relationnel si cher à l’agent immobilier.

Grâce à l’intelligence artificielle, de nouvelles solutions émergent dans ce domaine, permettant aux professionnels de prioriser leurs potentiels leads commerciaux, d’affiner au mieux leurs estimations ou encore de retoucher leurs photos immobilières.

L’IA figure clairement dans les priorités stratégiques de l’entreprise

Au sens large, l’IA figure clairement dans les priorités stratégiques de l’entreprise. En interne, nous compterons, à compter de janvier prochain, une quinzaine de collaborateurs qui seront dédiés au développement de nos solutions IA.

Comment cela va-t-il se traduire sur vos produits ?

A court terme, en amenant par exemple de la vitesse, notamment pour tout ce qui concerne la retouche des images d’un bien immobilier. Puis dans l’analyse de la donnée, où l’IA prendra de plus en plus de place.

Et si l’on se projette plus loin - dans un monde où je suis convaincu qu’il n’y aura pas moins d’agents immobiliers - se développeront les copilotes digitaux qui permettront aux professionnels d’être accompagnés sur les actes fondamentaux de leur quotidien, que ce soit dans l’estimation d’un bien, la rédaction, le suivi d’un client ou encore la planification.

Je suis convaincu que demain il n’y aura pas moins d’agents immobiliers

Aussi, je ne doute pas que sur le plan réglementaire de grands progrès seront faits à l’avenir, notamment sur la détection des erreurs.

En tout état de cause, le digital ne remplacera pas le savoir-faire dans le monde de l’immobilier. Mais dans un marché chahuté, comme celui que l’on a connu, il faut considérer le numérique comme une opportunité qui permet de démultiplier la performance des agents immobiliers.

Quels sont vos objectifs commerciaux, notamment en termes de gains de parts de marché ?

Considérant notre part de marché déjà très élevée sur le segment de la transaction et de l’administration de biens - à 40 % je le rappelle - nous n’avons pas d’objectif clairement établi. Notre principal enjeu va consister à continuer à faire de la croissance, qui passera par un enrichissement de notre offre auprès de nos clients.

Nous continuerons également de nous développer à l’international puis ambitionnons de travailler sur d’autres verticales de l’immobilier, je pense notamment au facility management.