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« Nous travaillons main dans la main avec les syndics »

Le | Logiciel de syndic

MeilleureCopro vient de lever 3 millions d’euros. Un montant peu commun dans la proptech française pour un tour d’amorçage. Après un lancement remarqué en BtoC grâce à son moteur d’estimation des charges de copropriété, la start-up veut désormais aider les syndics à mettre leurs prestataires en concurrence. Et commence même à draguer les agents immobiliers. Interview de son cofondateur, Edouard-Jean Clouet.

« Nous travaillons main dans la main avec les syndics »
« Nous travaillons main dans la main avec les syndics »

Qu’est-ce qui a convaincu vos investisseurs de la plateforme Anaxago et du fonds Waterstart Capital ?

Ils voient dans MeilleureCopro un nouveau business model. Le marché de la copropriété est peu occupé par les start-ups. Quelques acteurs essaient de disrupter le marché du syndic en mettant en place des solutions d’autogestion. Notre démarche est à l’opposé : nous travaillons main dans la main avec les syndics. Comme nous, nos investisseurs font le pari que ce métier ne disparaitra pas, mais qu’il a besoin de s’outiller pour gagner en performance et pour offrir un meilleur service à ses clients.  Les contrats d’assurance, l’énergie, le coût de nettoyage des parties communes ou la maintenance d’ascenseur constituent de gros postes d’optimisation. Les copropriétaires peuvent aussi faire des économies sur l’entretien de la chaudière, des espaces verts ou de la toiture.

Avez-vous signé avec des réseaux de syndic ?

Non car nous visons avant tout les syndics indépendants, petits et grands, qui ont besoin d’outils pour faire face aux grands réseaux. Un syndic peut nous solliciter pour l’aider à réduire les charges de maintenance de ses ascenseurs, par exemple. Pour ce faire, nous analysons tous ses contrats existants, nous constituons le cahier des charges et lançons un appel l’offres auprès de prestataires définis ensemble. En parallèle, nous rédigeons un contrat-cadre, qui sera le même pour tout le parc de copropriétés, en augmentant au passage le niveau de service requis. Le prestataire retenu nous reverse alors une commission d’apport d’affaires et le syndic participe aux frais administratifs liés au montage de l’appel d’offres.

Comment peut-on réduire les charges de copropriété de 20 % en moyenne sans perdre en qualité ?

Notre ambition est d’apporter une meilleure qualité de service aux copropriétaires. Les conseils syndicaux ne cherchent pas à payer moins pour avoir moins. Les prestataires que nous recommandons s’engagent à ce que les copropriétaires soient satisfaits. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons casser le contrat sans frais. Cette clause est une révolution dans l’univers de la copropriété. En échange, nous faisons gagner du temps aux prestataires sur la phase d’avant-vente. C’est nous qui nous déplaçons dans les immeubles pour récupérer des données.  Ils nous donnent donc des prix plus bas, sans dégrader la qualité opérationnelle.

En quoi consiste votre offre pour les agents immobiliers ?

Depuis la loi Alur, le montant des charges d’un bien en vente doit apparaître sur l’annonce immobilière : 2000 euros par an, par exemple.  Il est toutefois difficile pour les acheteurs de savoir à quoi correspond ce chiffre. Nous avons développé un outil permettant aux agents immobiliers de le comparer par rapport aux immeubles similaires dans le périmètre géographique. Nous délivrons ce résultat sous forme d’une étiquette de charges à intégrer à offre, semblable au DPE. Si les charges sont bien maîtrisées, c’est un argument pour faciliter la vente ; si elles sont plus élevées que la moyenne, l’étiquette devient un outil pour négocier une baisse de prix avec le vendeur. Aujourd’hui, nous fournissons ce nouveau service gratuitement aux professionnels. A terme, nous envisageons un modèle sur abonnement.

Quels sont vos priorités stratégiques ?

Nous avons déjà traité plus de 3000 contrats, sur l’équivalent de 500 copropriétés. Après l’Ile-de-France, nous accompagnons désormais des copropriétaires à Lille, Lyon, Nantes, Bordeaux et Marseille. Dans les deux prochaines années, notre objectif d’ouvrir une cellule commerciale dans ces villes, afin d’avoir une présence physique. Notre équipe compte 18 personnes aujourd’hui. Nous comptons augmenter notre effectif de 50 % dans les prochains mois. Autre enjeu stratégique : déployer notre plateforme BtoBtoC depuis laquelle nous lancerons nos appels d’offres. Elle est actuellement en phase de test.  

Nous constatons que les syndics n’ont pas uniquement des besoins liés aux mises en concurrence des prestataires. Nous pourrions demain avoir un rôle à jouer dans les process de dématérialisation pour ces populations.

Par Gaëlle Fillion