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Covid-19 : une fois la crise passée, l’immobilier sera la valeur refuge (JM Torrollion, FNAIM)

Par Christian Capitaine | Le | Réseau de franchisés

« Une fois le covid-19 terminé, l’immobilier sera LA valeur refuge par excellence », selon Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM. Mais il demeure conscient que « la profession est plongée dans une crise dont les contours demeurent incertains. »

Site internet de la Fnaim - © D.R.
Site internet de la Fnaim - © D.R.

Comment les adhérents de la FNAIM s’organisent-ils pour traverser cette crise ?

Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM - © D.R.
Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM - © D.R.

D’abord, je suis fier d’eux : tous ont suivi à la lettre notre consigne passée, le dimanche 15 mars 2020 de fermer nos près de 10 000 agences adhérentes, tout en demandant à leur dirigeant d’assurer une continuité de service. Cela a permis la poursuite des activités, à la fois en administration de biens et en syndic, deux métiers très importants pour notre profession. En conséquence, nos propriétaires ont été payés et nous avons solutionné des tas de petits problèmes avec nos locataires.

Évidemment, en transaction, la donne est différente. Alors que le marché restait porteur, l’activité, à partir du 15 mars, s’est brutalement arrêtée. Résultat : l’ensemble des forces de ventes de nos agences a été mis au télétravail, et va être mis au chômage partiel le temps de passer ce cap difficile. Mais globalement, j’ai noté, de la part de nos adhérents, à la fois agilité, confiance et digitalisation.

Vous avez déploré une certaine lenteur des notaires à authentifier les actes de ventes. Sont-ils suffisamment armés pour faire front ?

J’ai demandé à ce que les notaires n’interrompent pas leur service. Car derrière leur activité, il y a des vendeurs qui attendent leur argent. Il y a aussi des acquéreurs qui ont besoin d’emménager, car les déménagements ne sont pas interdits. Et il y a pour nos entreprises beaucoup de flux d’argent.

Les notaires, comme nous tous, ont été pris dans cette contradiction entre confinement et continuité de service. L’enjeu des notaires, c’est qu’ils sont les acteurs d’un service public, et que sur le terrain nous avons subi des interruptions brutales de service qui se sont révélées très préjudiciables et qui, à mon sens, n’étaient pas justifiées. Jean-François Humbert, président du Conseil supérieur du notariat, a pris des engagements de continuité de service. Tant mieux, nous sommes rassurés. Mais nous le vérifierons sur le terrain, car nous aurons très vite les retours de nos adhérents.

Certains métiers de l’immobilier traversent-ils cette crise économique moins difficilement que d’autres ?

De nos trois métiers, le syndic reste et restera peu affecté, si ce n’est un surcroît de travail, tant d’un point de vue administratif, juridique que commercial : les copropriétés sont, bien sûr, toujours habitées et les flux de charges doivent être payés.

Concernant l’administration de biens et la location, cette activité, sous l’angle de l’administration pure, va fonctionner correctement. Le parc locatif est soumis à très peu de mouvements. Tout est figé. Notons également que les paiements des loyers restent obligatoires et que sont uniquement suspendus ceux du secteur des entreprises. En revanche, en ce qui concerne les mouvements de locations, cela ne fonctionne plus. L’activité devrait redémarrer à partir de la fin de l’été.

Et quid des transactions ?

Le scenario de sortie de crise demeure très difficile à établir. Même si nous essayons de nous raccrocher à des expériences passées, nous vivons une situation hors du commun. J’ai personnellement vécu la crise de 1990, qui était une explosion de la bulle immobilière après laquelle le marché était resté atone pendant près de cinq ans. J’ai également connu le krach de 2008, qui a engendré un arrêt brutal des transactions - qui n’ont redécollé qu’au bout de douze mois.

Aujourd’hui, vendeurs et acquéreurs ont suspendu leurs décisions. Pour l’avenir proche, la crainte est de savoir si le monde bancaire va continuer à financer les projets de nos clients lorsqu’ils reprendront le chemin de nos agences. Il pourrait y avoir un problème d’allocation de ressources. Et peut-être l’instauration d’une certaine forme de sélectivité par les taux. La clé est là : si la crise dure un mois, nous aurons une reprise du marché de l’immobilier très acceptable. En revanche, si elle se révèle plus longue, six à sept mois, nous pourrions enregistrer un ajustement assez naturel entre l’offre et la demande qui maintienne les prix.

Quelles actions et outils avez-vous déployés à la FNAIM pour soutenir vos adhérents ?

La Fédération a d’abord entièrement dématérialisé ses services et n’a déploré, en ce sens, aucune rupture. Notre service juridique, qui reste très sollicité notamment en RH, maintient, bien sûr, ses activités. Par ailleurs, nous avons accru notre plage horaires de consultations par téléphone. De plus, nous renégocions avec certains de nos partenaires des coûts, pour permettre d’accompagner les comptes d’exploitation de nos adhérents. Enfin, nous avons multiplié les informations en temps réel pour l’accès aux aides que l’État met en place pour nos entreprises.

Par ailleurs, tous les présidents de chambre de la Fédération sont en lien avec le bureau exécutif. Et je suis satisfait de voir qu’au premier trimestre de 2020 nous allons battre un record en nombre d’adhésions.

Surtout, nous préparons déjà la sortie de crise : nous annoncerons très prochainement le déploiement d’un service gratuit, dans le domaine de la rédaction des actes, pour aider nos adhérents à retrouver très vite le chemin de la transaction.

Avez-vous des conseils pratiques à donner vos adhérents, notamment dans la gestion au quotidien de leurs affaires ?

Il est important, dans ce contexte, de rester très proche de ses clients. Il n’est pas concevable qu’un propriétaire qui a nous confié un bien à la vente ne soit pas rappelé par l’agence. Il faut aussi discuter et rassurer ses propriétaires bailleurs. Même attitude vis-à-vis des locataires : il faut les informer sur, par exemple, la possibilité, ou non, de déménager ou sur les questions liées aux préavis. Pour résumer : cultivons nos cercles de compétences.

Deuxième conseil que je donnerais à nos adhérents : rassurez et managez vos salariés. Il faut d’ores et déjà les préparer à la reprise, pour qu’ils se projettent sur un environnement meilleur. 

Le Gouvernement a prévu plusieurs ordonnances pour protéger et soutenir les entreprises et leurs salariés. Certaines concernent au premier chef le secteur de l’immobilier…

L’une des ordonnances concerne, d’abord, l’assurance de la continuité de nos mandats de syndic, quand bien même ils seraient échus pendant la période qui court du 12 mars au 31 décembre 2020. Des ordonnances sur les aides économiques sont également à l’ordre du jour. Et devraient nous permettre de répondre à la question : « Est-ce que nos agents commerciaux, qui sont près de 80 000 dans nos points de vente, vont bénéficier d’une aide au titre des indépendants ? Est-ce que, en d’autres termes, cette aide de 1 500 euros leur sera due ? » La réponse devrait être positive, mais nous l’attendons.

Par ailleurs, nous nous interrogions sur le fait de savoir si les VRP salariés exclusifs pouvaient bénéficier du chômage partiel. Sur ce point, nous avons obtenu une réponse positive.

Concernant l’évolution des prix dans l’ancien, quel scenario esquissez-vous pour la sortie de crise ?

C’est très difficile à déterminer, même si nous pourrions avoir, en sortie de crise immédiate, une chute des prix de 5 % à 6 % et une fin d’année 2020 atone. Mais au-delà de ce scenario osé, ce qui est certain, c’est que jamais l’immobilier n’apparaîtra autant une valeur refuge. Dans cette ère de confinement que nous vivons, nous prenons tous conscience de l’importance de la qualité et de la situation de notre logement. Combien, dans notre entourage, sont-ils à se féliciter de jouir aujourd’hui d’un jardin, d’un balcon, d’une terrasse ou même simplement d’une vue dégagée ?