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Tribune - AirBnB ou le partage de l’économie par Isabelle Vrilliard

Le | Sites internationaux

AirBnB propose 1 million de logements dans le monde permettant à 25 millions de voyageurs de découcher du système hôtelier traditionnel. Des start-up par dizaines couvrent les services périphériques de cette location privée. Dans tous les domaines sauf un, la loi

Tribune - AirBnB ou le partage de l’économie par Isabelle Vrilliard
Tribune - AirBnB ou le partage de l’économie par Isabelle Vrilliard

A linstar dApple ou Facebook, un écosysème AirBnb est né

En 7 ans, Airbnb a créé un business qui pourrait dépasser le demi-milliard de dollars de CA en 2015, avec une nouvelle valorisation possible à 20 Mds de $. Et ce, sans posséder la moindre chambre. La société a bâti un empire sur un seul service, celui de mettre en relation les hôtes et les voyageurs. L’impact du phénomène dans le monde de la location de vacances est tel que le site a inspiré de nombreuses start-up dont le modèle économique se nourrit directement de l’activité d’AirBnB.

Ménage (FlyCleaners, Proprly, Porter), gestion des clés (KeyCafe, Guesthob), aide à la définition des prix (BeyondPrices, Pricelabs, Everbooked), aide à la rédaction des annonces (Airspruce), contrôle de la température de la maison (Nest), communication avec les clients (Guesty, AirEnvy), management de la location (GuestHop, Beyondstays), voici quelques uns des services qui permettent à l’internaute de faire de son logement son petit business à lui. Flatbook va jusqu’à vous payer votre loyer et stocker vos meubles pendant vos déplacements pour pouvoir mettre votre logement sur AirBnB à votre place. Et si vous voulez prolonger l’expérience, il existe même le site “Can I stay with you while I rent my place on AirBnB”. Oui c’est ça, le site qui vous met en relation avec des gens qui vous laisseront dormir chez eux pendant qu’AirBnB vous mettra en relation avec des gens qui veulent payer pour dormir chez vous. On se demande jusqu’où cela peut aller.

Dillégal àbienvenu chez lui

Parmi les services, dont certains sont devenus partenaires officiels, il manque encore la marketplace de mise en relation des hôtes avec ces nombreuses sociétés justement. Et il faudrait aussi créer la marketplace des avocats “spécialisés AirBnB” ; car si les hôtes continuent de se professionnaliser ainsi et louent leur logement plus que de raison, ils risquent d’avoir des soucis avec la justice. Les capitales européennes ou les villes américaines les plus attractives réagissent et adoptent des dispositions afin d’enrayer le phénomène AirBnB, qui les prive illégalement d’habitations longue durée. Chasse aux contrevenants ce mois de juin à Paris, retrait de milliers d’annonces à New York, amendes pour AirBnB à Portland et San Francisco, mais aussi modification de loi à Berlin et à Amsterdam, devenue pionnière en créant la“location de vacances privée”.

Encadrement de la durée de location, du nombre de personnes et de la taxe de séjour : les lois locales commencent donc tout juste à plier là où passe le tsunami AirBnB. Déclaré illégal, le site obtient ici et là un cadre juridique pour exister, Amsterdam n’étant peut-être qu’un début. Le site pourrait ainsi finir par être le bienvenu partout en acceptant de collecter les taxes de séjour dues par ses membres. A New York elles sont estimées à 65 M de $. Le site revendique avoir permis l’injection de plus d’1Md de $ dans l’économie new-yorkaise grâce à des voyageurs qui resteraient plus longtemps et dépenseraient plus en dehors des frais d’hébergement ; New York où 72 % des habitants ayant mis leur logement en location via AirBnB disent que cela leur a justement permis de pouvoir continuer à y habiter.

Si AirBnB a progressivement raison de la loi, ce symbole de la “sharing economy” (économie collaborative) continuera certainement à générer des gains que tout le monde - hôtes, voyageurs, commerçants, nouveaux prestataires, mairies et bien sûr actionnaires, n’ont pas fini de se partager.

A propos de l’auteur :
Isabelle Vrilliard a dirigé le site AVendreALouer.fr de 2011 à 2013, suite à un parcours exclusivement web à la tête des services marketing de Cadremploi.fr et ParuVendu.fr. Aujourd’hui expatriée en Floride, elle épluche les oranges et l’actualité de l’immobilier en ligne américain