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L’iBuyer Homeloop lève 20 millions d’euros

Par Aurélie Tachot | Le | Logiciels de transaction

La promesse d’Homeloop - faire des offres d’achat en moins de 48 heures aux particuliers en l’échange d’une décote d’environ 7 % du montant du bien - ne séduit pas que les vendeurs pressés. En janvier, le fonds d’investissement Crescendix a mis 20 millions d’euros sur la table pour permettre à la start-up d’amorcer son déploiement sur le territoire français, dans au moins 10 métropoles. La road map de l’iBuyer expliquée par son CEO Aurélien Gouttefarde.

L’iBuyer Homeloop lève 20 millions d’euros
L’iBuyer Homeloop lève 20 millions d’euros

Comment s’est déroulée cette nouvelle levée de fonds ?

En mars 2019, trois ans après le lancement d’Homeloop, je me suis associé avec le fonds d’investissement Crescendix, fondé par Xavier Caïtucoli, le fondateur de Direct Énergie, afin de racheter les parts d’anciens associés d’Homeloop. Grâce à ce nouvel actionnaire, nous avons pu débuter notre expansion dans des villes de province dont Lille, en septembre dernier. Aujourd’hui, nous annonçons un nouveau financement de 20 millions d’euros, toujours de la part de Crescendix, afin de réaliser, en 2020, le volume d’affaires que nous nous sommes fixés : 100 millions d’euros de biens acquis, contre 18 millions en 2019. Notre ambition est de partir à la conquête des 10 principales métropoles françaises. À Nantes, où nous nous sommes installés il y a deux semaines, nous avons déjà réalisé 3 acquisitions. Le marché immobilier y est extrêmement dynamique. Nous prévoyons, dans le courant de l’année, de nous installer à Lyon, Bordeaux, Toulouse puis dans les grandes villes de la Côte d’Azur, où les ressources en matière de données immobilières sont importantes.

Quels seront vos premiers chantiers, suite à cette levée de fonds ?

Comme nous bénéficions d’un actionnariat solide, nous prévoyons de recruter au minimum 7 city managers pour développer localement chacune des villes où nous souhaitons nous installer. Au total, une vingtaine de recrutements seront ainsi réalisés cette année. Nous devrions donc doubler notre effectif, composé actuellement d’une quinzaine de personnes. En 2021 voire 2022, nous n’excluons pas un nouveau tour de financement ou l’entrée d’un nouvel actionnaire dans notre capital. Aujourd’hui, nos fonds propres nous permettent de réaliser notre business, qui nécessite du cash. Dans les années à venir, nous aimerions travailler avec des banques, notamment sous la forme de partenariats, pour augmenter notre capacité bancaire, via des lignes de crédits et ainsi mener des projets plus importants dans la dette.

Quels sont les obstacles qui freinent aujourd’hui votre développement ?

L’année 2019 a marqué un tournant puisque nous avons éprouvé notre modèle en dehors de l’Ile-de-France et atteint notre « product market fit ». La phase d’évangélisation n’est toutefois pas terminée : si le fonctionnement des iBuyers a toujours suscité de l’intérêt, il génère désormais une forte adhésion. La proposition de valeur de ces acteurs est bien identifiée sur le marché immobilier. Aujourd’hui, notre taux de conversion - c’est-à-dire le ratio entre le nombre d’acquisition et le nombre de demandes - est équivalent à celui de l’américain Zillow. Les obstacles qui nous freinent en France ne sont donc pas liés au business, mais au processus immobilier. Dans l’Hexagone, les délais réglementaires de vente sont longs, notamment à cause du droit de préemption et les processus de vente sont peu transparents, donc anxiogènes. Du côté des acheteurs, les procédures d’obtention de crédits immobiliers sont difficiles. Or, la rapidité liée à l’achat et à revente de biens est un enjeu majeur pour nous.

Aux Etats-Unis, le modèle du marchand de biens en ligne fait des émules, tandis qu’en France le marché reste embryonnaire. Comment expliquez-vous ce décalage ?

Aux Etats-Unis, les règles du jeu du marché immobilier sont claires : tous les acheteurs ou vendeurs se tournent vers des agents immobiliers, qui prélèvent une commission de 6 % en moyenne sur chaque transaction réalisée. Soit 3 % pour l’agent représentant le vendeur et 3 % pour celui représentant l’acquéreur. En France, le marché est beaucoup plus fragmenté et il n’existe pas d’unicité réelle des frais de transaction comme aux Etats-Unis. Par ailleurs, ce décalage s’explique également par le calendrier : les iBuyers se sont lancés dès 2014 aux Etats-Unis et quelques années plus tard en Europe. On observe le même décalage sur le marché de la FinTech, où les acteurs européens se sont positionnés en 2015, inspirés par la plateforme de prêts participatifs Lending Club. En France, dans un contexte de marché tendu, où la transaction immobilière a besoin d’être dépoussiérée, nous restons persuadés que notre service répond à un besoin de sécurité des vendeurs. Nous devrions voir arriver d’autres acteurs sur notre marché, notamment le finlandais Kodit, qui a annoncé son lancement en France d’ici 6 mois à 1 an.