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La dématérialisation de la copropriété, la bête noire des syndics ?

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La loi ALUR prévoit, dès janvier 2015, l’utilisation d’Internet pour les échanges entre les copropriétaires et les syndics ainsi qu’un accès en ligne aux documents de la copropriété. Une mesure qui devrait impacter fortement l’activité des professionnels de l’immobilier qui se sont réunis, le 10 avril dernier, à l’occasion d’un colloque dédié à la dématérialisation

La dématérialisation de la copropriété, la bête noire des syndics ? - © D.R.
La dématérialisation de la copropriété, la bête noire des syndics ? - © D.R.

Dématérialisation de la copropriété : quel impact sur le modèle économique des syndics ?

C’est cette question que les professionnels de l’immobilier ont été invités à débattre à l’occasion d’un colloque organisé par la FF2I en avril. Lors de la première table-ronde, l’extranet du syndic s’est imposé comme le sujet le plus sensible. Et pour cause : dans un souci d’améliorer la gestion de la copropriété et de la rendre plus transparente, la loi Alur prévoit en effet que les syndics de copropriété mettent à disposition des copropriétaires et du conseil syndical un extranet sur lequel les documents de la copropriété sont mis à disposition. Plusieurs décrets sont encore attendus pour préciser les contours de cette mesure phare.

L’extranet, un outil peu transparent

Pour David Rodriguez, conseiller juridique à la CLCV, « l’extranet n’est pas l’outil idéal pour rendre les syndics plus transparents dans la mesure où ce sont eux qui vont décider des documents qu’ils partageront. Cela va représenter une charge de travail supplémentaire qu’ils devront probablement répercuter dans leurs honoraires. Par ailleurs, si les grandes structures pourront trouver les moyens de s’y adapter, ce ne sera pas forcément le cas des plus petites », estime-t-il. Même si la mise en place d’outils numériques est nécessaire, leur usage paraît complexe, selon Paul Philippot, délégué général de l’UNPI. « La loi prévoit que les notifications comme les convocations à l’assemblée générale et les procès verbaux soient envoyés par mail, sous réserve de l’accord des copropriétaires. Or, nos clients, notamment les plus âgés, ne sont pas tous équipés d’Internet, ce qui va créer une double gestion compliquée pour les syndics », explique-t-il. David Rodriguez émet, lui aussi, quelques réserves. « Je crains qu’on se mette dans une usine à gaz susceptible de créer des contentieux et des surcoûts juridiques comme des annulations d’assemblées générales. Sur les mises en demeure, je suis défavorable à la dématérialisation dans la mesure où l’envoi d’un courrier papier a plus d’impact, aux yeux des copropriétaires, que l’envoi d’un mail. »

Des clients pas encore prêts

Stéphane Glucksmann, directeur général délégué adjoint chez Citya, a profité de la seconde table-ronde pour partager son retour d’expérience. « Nous sommes tournés vers la dématérialisation depuis plusieurs années via un extranet qui héberge, entre autres, nos règlements de copropriété et une diffusion de nos appels de fonds pour provisions pour charges par mail. Ce système fonctionne de mieux en mieux, même s’il faut avouer que nous sommes en avance par rapport aux besoins de nos clients : seuls 30 % sont aujourd’hui demandeurs de solutions dématérialisées », confie-t-il. Jérôme Dauchez, membre de l’Unis, est plus optimiste et voit dans la dématérialisation une opportunité de réinventer ses pratiques. « Elle va permettre aux professionnels de se concentrer sur des tâches stratégiques, pas uniquement administratives, et ainsi valoriser leur savoir-faire. »

Aurélie Tachot