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« Les modèles transactionnels nous inspirent »

Le | Portails de petites annonces

Porté par le succès en bourse de sa maison mère Adevinta (né de la réorganisation du groupe Schibsted), Leboncoin accélère sur le segment de l’immobilier ! Le portail d’annonces, numéro 1 en termes d’audience, prévoit de faire monter son poulain - À Vendre À Louer - en puissance. Quelques jours après avoir annoncé le rachat du groupe Argus, il s’interroge également aux modèles transactionnels, comme l’explique Antoine Jouteau, directeur général.

« Les modèles transactionnels nous inspirent » - © D.R.
« Les modèles transactionnels nous inspirent » - © D.R.

Comment se porte la catégorie dédiée à l’immobilier ?

L’immobilier reste le premier univers du portail Leboncoin juste devant l’automobile. C’est la locomotive du groupe puisqu’elle enregistre, en septembre, 12 millions de visiteurs uniques par mois contre 11,3 millions en septembre 2018, selon Médiamétrie. La catégorie dédiée à l’immobilier neuf, qui a été lancée en 2018, est un franc succès : en presque deux ans, le nombre d’annonceurs a été multiplié par 4, les visites par 15 et les contacts par 30. Cela s’explique aussi par le fait que l’immobilier est un marché vertueux, porté par une forte progression des transactions dans l’ancien dans les centres villes et une forte évolution des prix au m2. Il y a deux ans, en octobre 2017, Leboncoin a racheté À Vendre À Louer, un portail plus traditionnel, donc plus proche des attentes des agents immobiliers. En plus de nous permettre de gagner des parts de marché, cette acquisition nous a aidé à capter l’attention des professionnels du secteur.

Quelles synergies ont jusqu’ici été développées entre les deux portails ?

Il est dans notre intérêt de garder les deux marques distinctes car elles correspondent à deux contextes d’usage différents et à deux forces : la puissance pour Leboncoin et l’affinité pour À Vendre À Louer. Pour autant, nous développons autant de synergies que possible. Sur le volet commercial, Leboncoin et À Vendre À Louer disposent désormais d’une régie commune. Les équipes liées à la communication, au marketing et à la finance sont, elles aussi, partagées. Sur le volet fonctionnel, d’autres synergies devraient être mises en place : nous lancerons, dans quelques semaines, un back office commun, qui permettra à nos clients de gérer leurs annonces depuis un seul et même espace.

Quelles sont vos ambitions pour À Vendre À Louer ?

Nous voulons faire de ce portail une référence en matière d’immobilier en France. C’est bien parti puisque son audience croît rapidement : en juillet 2019, il enregistrait 3 millions de visiteurs uniques, contre 2 millions en mai 2018, d’après Médiamétrie. Dans cette optique, nous avons changé sa charte graphique afin qu’il colle davantage aux goûts de ses utilisateurs. Le design est à la fois plus moderne et plus urbain. Nous avons également développé davantage de services mobiles tournés vers la géolocalisation, le partage d’informations locales et contextuelles, le calcul d’itinéraires entre le domicile et le travail. Ce sont des fonctionnalités que nous étendrons ensuite sur Leboncoin.

Quelles sont vos axes de travail pour la catégorie dédiée à l’immobilier ?

Nous travaillons beaucoup sur la géolocalisation. Depuis que l’évaluation immobilière est disponible en open source (NDLR : la direction générale des finances publiques a rendue sa base DVF publique le 24 avril 2019), il y a davantage de transparence sur le sujet. Nous réfléchissons au développement d’un outil permettant de mieux estimer la valeur immobilière d’un bien. Nous nous intéressons également au modèle de l’Argus, que nous venons d’acquérir et qui permet de collecter des estimations et de proposer des leads qualifiés aux clients. Notre second axe de travail porte sur la data. Nous souhaitons que les agents immobiliers puissent accéder à davantage de données pour mieux piloter la diffusion de leurs annonces, mais aussi qu’ils visualisent les biens considérés comme concurrentiels par rapport aux leurs.

Le rachat de MeilleursAgents par le groupe Axel Springer influence-t-il votre road map ?

Nous évoluons dans un milieu concurrentiel actif et nous observons les mouvements de marché avec attention. En ce qui concerne le rachat de MeilleursAgents, nous notons la valeur transactionnelle de l’opération (NDLR : MeilleursAgents a été racheté 200 millions d’euros), qui est significative. Pour autant, ces mouvements ne changent pas notre road map. Les levées de fonds qui se bouclent aux États-Unis nous inspirent davantage. Au Brésil, la start-up Quinto Andar a par exemple levé l’équivalent de 250 millions de dollars en janvier 2019, avec un modèle transactionnel. Cette société, qui simplifie le processus locatif, a été valorisée à 1 milliard de dollars. Nous sommes attentifs à ce virage transactionnel, que l’immobilier pourrait prendre ces prochaines années. Nous cherchons à savoir si le paiement en ligne et le financement en ligne peuvent s’intégrer dans les usages des particuliers. 

Prévoyez-vous de réaliser d’autres acquisitions dans l’immobilier ?  

Nous restons à l’écoute des opportunités. Nos acquisitions pourront être d’ordre sectoriel (même si le marché des portails d’annonces est déjà organisé) ou d’ordre technologique. Leboncoin est avant tout une société Tech, qui a une forte expertise en data. Même si nous ne l’avons encore jamais fait, nous ne sommes pas fermés aux opérations qui nous permettrait de mettre la main sur des briques technologiques.

Aurélie Tachot