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Fermeture de Shelterr : «  Il est difficile d’exister à côté des grands portails du marché  », Philippe Guéneau, Shelterr

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Clap de fin pour Shelterr ! Le portail d’annonces, qui était pourtant en forte croissance, a annoncé avoir mis la clé sous la porte. Une fermeture qui n’est pas attribuée au modèle économique à la performance, via lequel le site s’était développé, mais plutôt à une levée de fonds qui n’a pas pu être bouclée à temps, d’après Philippe Guéneau, ex-directeur général de Shelterr France, désormais responsable commercial chez VisiteOnline Network

Fermeture de Shelterr : «  Il est difficile d’exister à côté des grands portails du marché  », Philipp - © D.R.
Fermeture de Shelterr : «  Il est difficile d’exister à côté des grands portails du marché  », Philipp - © D.R.

Depuis le 17 avril, Shelterr.com n’est plus en fonction. Qu’est-ce qui explique cet arrêt ?

Il y a quelques mois, notre investisseur principal s’est désisté suite à des problèmes de santé. Nous avons été pris de court et n’avons pas réussi à effectuer une nouvelle levée de fonds. Or, comme nous enregistrions une croissance beaucoup plus forte que ce que nous attendions, nous avions besoin de capitaux pour faire face aux développements en cours. Ces deux derniers mois, nous avons pourtant été en recherche active d’investisseurs. Nous avons été approchés par un groupe immobilier disposant de plusieurs réseaux, mais nous ne nous sommes pas entendus sur le prix.

Quelles options étaient envisagées avant la fermeture ?

Le monde de l’annonce immobilière est hyperconcurrentiel : il faut des sommes d’argent colossales pour espérer y perdurer ! SeLoger.com cannibalise le marché et il est ainsi difficile d’exister à ses côtés. D’après nos investisseurs, qui recherchaient un retour sur investissement, Shelterr ne devait pas rester un portail d’annonces, mais devenir un système de génération de leads. Ces derniers mois, nous réfléchissions à développer un hub de services, permettant aux agences d’accéder, depuis une plateforme unique, à des outils de pige, d’estimation en ligne, d’évolution de prix…

Mais il vous a manqué de temps pour mener ce projet…

Exactement ! Le temps a joué contre nous, en France comme ailleurs puisque Shelterr a été fermé dans sa globalité. Par ailleurs, nous avions également besoin de faire quelques ajustements sur notre portail, notamment simplifier le règlement des leads et des factures, qui était trop complexe pour les agents immobiliers. Aujourd’hui, nous sommes en contact avec deux acteurs dont un portail d’annonces concernant la reprise de notre technologie. Car notre back-office était digne d’un vrai CRM. Il était donc exclu qu’on le jette à la poubelle… Nous espérons encore le revendre.

L’arrêt de Shelterr signifie-t-il que le modèle à la performance n’est pas adapté au secteur de l’immobilier ?

Je suis convaincu que ce modèle va s’imposer dans les années à venir. Il suffit de regarder la vitesse à laquelle il séduit les américains. Dans l’immobilier neuf, les promoteurs ont d’ores et déjà une démarche tournée vers le R.O.I. L’immobilier ancien devrait suivre la cadence. Ce qui posait problème sur Shelterr, c’est le niveau de qualification du lead. Nous adressions à nos clients un contact sans le requalifier, ce qui aboutissait sur beaucoup de déchets pour les agences. C’est la raison pour laquelle je rejoins aujourd’hui l’équipe de VisiteOnline Network, qui procède à une qualification téléphonique.

Cette approche suffit-elle à qualifier un contact ?

Oui ! En moyenne, nous perdons 75 % de leads vendeurs et entre 50 et 60 % de leads acheteurs à l’issue de cette étape de qualification téléphonique. La déperdition est donc importante ! Au final, les agences immobilières qui s’appuient sur VisiteOnline Network reçoivent peu de contacts. Mais ceux qu’elles reçoivent aboutissent sur des RDV de visites et des prises de mandats. Le prochain enjeu pour les agences sera donc de mieux répartir leur budget entre les grands portails incontournables, qui apportent du volume, et les portails secondaires, qui apportent du contact qualifié.

Aurélie Tachot