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« Facebook est un disrupteur potentiel dans l’immobilier »

Par Aurélie Tachot | Le | Portails de petites annonces

Alors que le groupe Axel Springer semble faire main basse sur les portails immobiliers français et que les GAFA se penchent de plus en plus sur le marché des petites annonces, Figaro Immo ne tremble pas ! Face aux mastodontes Leboncoin et SeLoger, le site du groupe Figaro réaffirme son positionnement de média et s’entoure des acteurs clés (de demain ?). La parole à Stéphane Anfosso, directeur général adjoint en charge de l’immobilier chez Figaro Classifieds

« Facebook est un disrupteur potentiel dans l’immobilier » - © D.R.
« Facebook est un disrupteur potentiel dans l’immobilier » - © D.R.

Comment réagissez-vous au rachat de MeilleursAgents par le groupe Axel Springer (via sa filiale AVIV) ?

Le rachat de MeilleursAgents par la maison mère de SeLoger confirme que la consolidation du marché immobilier est à l’œuvre. Nous voyons ce rapprochement de manière positive : certes, il y a de moins en moins d’acteurs, mais ceux qui restent deviennent incontournables. Ils ont l’obligation de proposer aux professionnels et aux utilisateurs les services et solutions qu’ils attendent. Les deux leaders du marché (NDLR : Leboncoin et SeLoger) ont une part de marché importante mais ces derniers ont, paradoxalement, des modèles qui ne sont plus vraiment en rupture et qui peuvent être éprouvés. Dans ce contexte, Figaro Immo a une carte à jouer. Notre proposition de valeur est d’accompagner les Français en amont de leur projet immobilier, pas uniquement lorsqu’ils consultent les annonces. Or, il faut être un média pour déployer cette promesse. Nous abordons donc la rentrée de manière studieuse, avec beaucoup d’humilité.

Le modèle de MeilleursAgents est-il en rupture, selon vous ? 

Depuis son lancement, MeilleursAgents a effectué plusieurs pivots, à juste titre. Aujourd’hui, son modèle est basé sur la data et la génération de leads. Au sein de Figaro Immo, nous sommes plutôt attentifs aux modèles qui se positionnent en rupture en 2019 et qui émergeront en 2020. Par exemple Facebook. C’est un disrupteur potentiel sur le marché des petites annonces. La puissance de son audience et la qualité de son ciblage sont ses deux principaux atouts. Nous n’avons toutefois pas peur de cet acteur et c’est la raison pour laquelle nous avons signé un partenariat pour que nos annonces de location intègrent Facebook Marketplace. Nous savons comment travaillent les GAFA et malgré leur puissance, ils ont recours à des tiers pour se développer sur un marché. 

Comment identifiez-vous les dernières innovations sur votre marché ? 

Cela fait plusieurs années que l’on entend que les modèles dominants des portails d’annonce sont à l’aube d’une disruption et que l’innovation est à leur porte. C’est la raison pour laquelle nous avons tissé, en avril dernier, un partenariat avec l’incubateur de start-up Plug & Play, que nous ne cessons de faire fructifier. Cela nous permet de rencontrer des start-up et d’injecter leurs innovations à nos sites. Nous constatons par exemple qu’il y a un renouveau sur le segment de l’estimation. Le fait que la direction générale des finances publiques ait rendue sa base DVF publique a apporté un élan aux start-up du secteur : du jour au lendemain, la data est devenue une commodité. Aujourd’hui, beaucoup de sociétés présentent de nouveaux modèles qui s’appuient sur une intelligence artificielle. Nous sommes surpris de voir que certaines ont déjà une emprise territoriale très étendue.

Quels autres sujets vous inspirent ? 

Nous avons été relativement précurseurs sur le sujet de la 3D. Nous souhaitons continuer à nous y intéresser, sous l’angle du BIM (NDLR : Building Information Modeling). Nous renforçons aujourd’hui notre intérêt sur cette activité afin d’être en phase avec les attentes des promoteurs, qui procèdent tous à une refonte entière de leur chaîne de production. Ces prochains mois, notre ambition est de leur donner de la lecture dans la démarche du BIM, toujours grâce aux start-up incubées chez Plug & Play.   

Où en sont les portails immobiliers du Figaro dans leur développement ?

En un an, l’audience de Figaro Immo a doublé. En juillet, nous comptabilisions 2,2 millions de visiteurs uniques, contre 2 millions en juin, d’après Médiamétrie. C’est une croissance organique de fond : elle est lente mais pérenne. Ces prochains mois, nous devrions pousser au maximum notre offre de services auprès de nos clients. Plusieurs améliorations, encore confidentielles, seront bientôt dévoilées sur Figaro Immo. Le portail Propriétés Le Figaro bat, quant à lui, de nombreux records. La croissance de ce média est incroyable : il enregistre désormais 1,5 millions de visites selon nos sources internes, le double de l’an dernier. Enfin, sur Figaro Immoneuf, nous nous considérons comme un phœnix puisque nous avons réussi à refaire de cette marque un média puissant, comme elle l’était il y a trois ans. Charge à nous de réaliser des actions de communication BtoB pour que nos clients - les promoteurs - le perçoivent et découvrent notre proposition de services, plus élargie.