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Trois usages de la blockchain dans l’immobilier

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Au salon RENT, qui ouvre ses portes cette semaine, rares sont les start-ups qui présenteront des services basés sur la blockchain. Toujours aussi insaisissable pour le grand public, cette technologie ouvre pourtant la voie à des usages immobiliers désormais très concrets. Gros plan sur trois d’entre eux.

Trois usages de la blockchain dans l’immobilier
Trois usages de la blockchain dans l’immobilier

Quand on dit « blockchain », on a tendance à penser « désintermédiation » - et donc à la suppression des banques, notaires, commerciaux, etc. La réalité est plus complexe, notamment sur le plan juridique, mais elle embarque son lot de nouveaux modèles. Qu’elles soient privées ou publiques, les blockchains permettent de stocker, sécuriser et transférer des données, à travers un processus d’encryptage. Les applications de cette technologie dans notre quotidien sont désormais nombreuses :  acheter des produits en bitcoins, garantir la traçabilité d’un aliment ou de certifier la véracité d’un diplôme, par exemple. Mais sur le champ de l’immobilier, à quoi peut donc servir la blockchain ?

1. Garantir des avis clients infalsifiables

Immodvisor, le Tripadvisor de l’immobilier, ne voudrait pour rien au monde être suspecté de publier des avis bidons, malgré son processus de modération certifié AFNOR. Selon la DGCCRF, 35 % des avis clients en France sont faux : pas de doute que la méfiance règne. « La transparence, c’est notre fer de lance depuis le départ. C’est ce qui nous différencie. Nous cherchions un outil pour prouver la véracité de nos avis », explique Anaig Nouvel d’Immodvisor. Depuis octobre, tous les avis déposés sur la plateforme sont inscrits automatiquement sur la blockchain Ethereum, qui garde aussi une trace de ceux qui n’ont pas été publiés, faute de preuves suffisantes apportées l’auteur (mandat, facture, etc.). Ainsi, n’importe quel internaute peut désormais vérifier lui-même l’authenticité de chaque avis.

2. ‘Echanger’ des biens immobiliers rapidement

En juin dernier, la plateforme d’investissement Equisafe réalisait la première transaction immobilière européenne sur blockchain entre professionnels. Grâce au mécanisme de ‘tokenisation’, la blockchain permet en effet de fractionner un actif financier en un nombre infini de parts, en les transformant en tokens, une unité cryptographique. Chacun de ces jetons numériques est alors facilement monétisable et échangeable, ses droits de propriété associés étant codés et sur la blockchain, qui fait office de registre. L’immeuble en question, situé à Boulogne-Billancourt, a été cédé en 30 minutes. A noter que ce type de transaction immobilière sur blockchain est pour l’instant légalement conditionné à la création d’une entreprise entre les parties, généralement une SAS.

3. Permettre à un acheteur de bénéficier de la capacité d’emprunt d’un vendeur

Cette première opération en BtoB dévoile une vision plus large : grâce à la blockchain, Equisafe entend rendre la pierre liquide. Et donc permettre au grand public, y compris les profils bancaires qui n’ont pas accès à l’emprunt, d’investir dans l’immobilier. C’est tout l’enjeu de la démonstration que l’entreprise fera le 6 novembre, en direct du salon RENT, d’où aura lieu la première transaction immobilière sur blockchain entre deux particuliers. Cette vente sera orchestrée depuis une plateforme pilote développée en collaboration avec Masteos, une start-up de conseil en investissement locatif, et Thésée, un cabinet hybride avocat-notaire.

  • Autour de la table : Paul, un freelance et Florent, un salarié en CDI. Le premier a 8000 euros de fonds propres qu’il souhaite placer dans l’immobilier, mais il ne peut pas emprunter davantage. Grâce à un prêt bancaire sur 20 ans, Florent a investi 130 000 euros dans un studio à Rennes l’an dernier. Il ne souhaite pas le revendre intégralement, mais en céder une partie à Paul pour récupérer rapidement 8000 euros de liquidités.

« Cette transaction sur blockchain permettra au premier de bénéficier de la capacité d’emprunt de l’autre, sans passer par la banque  », explique Tanguy de Ferrières, Proprerty blockchain advisor chez Masteos. S’il garde ses tokens jusqu’à la fin du crédit, Paul pourra récupérer l’équivalent de 60 000 euros contre les 8000 investis au départ. Les loyers générés étant supérieurs aux mensualités du crédit, l’appartement est autofinancé, avec une petite rente chaque année à la clé.

Par Gaëlle Fillion