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L’immobilier de luxe toujours au beau fixe

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Malgré la crise sanitaire, le marché de l’immobilier de prestige se montre toujours très actif aussi bien sur la transaction que sur la location.

Figaro - © D.R.
Figaro - © D.R.

Si la période de confinement a mis en pause le marché de l’immobilier, il a également transformé les attentes des Français. De la verdure, de l’espace, un extérieur… les habitants des grandes villes ont des envies de campagne. C’est pourquoi ils ont été nombreux dès la sortie du confinement à se lancer à la recherche d’un bien en régions.

Comme une envie de vert

« Nous avons observé deux différences majeures dès la mi-mai : un rééquilibrage entre les biens de campagne et ceux de centre-ville et entre les résidences principales et secondaires, commente Benoît Verdet, cofondateur de l’agence Prestant à Biarritz. Les Français redécouvrent l’intérêt d’avoir une résidence secondaire. Ils s’intéressent aussi à la campagne, ce qui est une bonne chose pour la côte basque dont l’ADN est justement la campagne en bord de mer. Nous avons des acquéreurs d’origines diverses : principalement des Parisiens, Bordelais, Toulousains mais aussi des Français de l’étranger, jeunes et à fort pouvoir d’achat. On observe aussi un retour de la clientèle internationale (Suisses, Belges, Danois, Hollandais…) qui était en déperdition depuis 2012 en raison de la compétition fiscale du Portugal et d’autres pays ».

La résidence secondaire, le nouveau must

Même constat en Provence où le groupe Émile Garcin affiche de bons résultats ces derniers mois. « Pendant le confinement, beaucoup de clients ont cherché des locations pour un mois ou deux, à Mougins, Lourmarin, Saint-Tropez, Saint-Rémy de Provence…, remarque Philippe Boulet, directeur d’Émile Garcin Provence. Au final, nous avons largement dépassé le niveau de l’an dernier au niveau des locations saisonnières et des ventes ». La start-up française Le Collectionist, spécialisée dans la location de villas haut-de-gamme a également vu son chiffre d’affaires décoller dès le déconfinement : 6 millions d’euros au mois de juin, soit deux fois son record. Une réussite due exclusivement à la clientèle française, à la recherche de vacances de rêves.

Une clientèle franco-française

Car ce qui caractérise l’immobilier de luxe cette année, c’est l’absence de la clientèle étrangère. La fermeture des frontières a d’ailleurs eu un impact sur le marché de la résidence secondaire sur la Côte d’Azur, selon David Scheffler, président d’Engel & Völkers. « Avant la crise sanitaire, la moitié de nos clients étaient étrangers. Aujourd’hui, nous voyons revenir les Italiens, Suisses, Belges ou Allemands, mais plus du tout d’Américains, d’Anglais, de Scandinaves ou d’acquéreurs du Moyen Orient. Nous constatons aussi un regain d’intérêt des Français pour la résidence secondaire, s’ils peuvent travailler en télétravail par exemple, mais cela ne se transforme pas forcément en transaction ».

A Cannes, le spécialiste de l’immobilier de prestige Zingraf Christie’s International Real Estate a tout de même réalisé de belles ventes parmi lesquelles la seule propriété privée de l’île Sainte Marguerite dont le prix affiché à la vente s’élevait à 45 millions d’euros. « Les affaires vont très bien malgré le fait que les frontières soient encore fermées, souligne Heathcliff Zingraf, directeur associé. Il y a fort à parier qu’elles n’en seront que meilleures lorsqu’elles rouvriront et nous verrons alors apparaître une nouvelle vague d’acquéreurs ».

Un marché à deux vitesses à Paris

A Paris, c’est un marché à deux vitesses qui s’est profilé, selon le type de bien à la vente. « Depuis la mi-mai, nous avons fait une vingtaine de ventes flash (moins de 72h) sur des biens de grande qualité, avec vue sur jardin ou monument, une belle adresse, un extérieur, etc., explique Thibault de Saint-Vincent, président de Barnes. En revanche, les biens de grande surface, au-delà de 300 m2, sans aucun plus, sur cour ou sombres, n’obtiennent aucun appel. Il faut alors opérer une décote de 30 % pour attirer l’acquéreur. Par exemple, dans un même immeuble, un très bel appartement de 140 m2, avec une belle vue pourrait se vendre à 13 500€/m2, alors qu’un autre de 280 m2, au deuxième étage sur cour, ne partira qu’à 10 000€/m2 ».

Des prix raisonnables

Toutefois, les prix ne s’envolent pas au-delà du raisonnable. « Beaucoup de clients craignaient une baisse de prix, vu la crise économique qui se profile, Philippe Boulet directeur d’Émile Garcin Provence. Cela n’a pas été le cas car la demande a été très forte et sur toutes sortes de budget : de centaines de milliers d’euros à plus de 10 millions d’euros. Courant juillet, notre activité s’élevait déjà à +35 %, et début septembre, nous dépassons les chiffres de l’an dernier à la même date. Toutefois, les prix ne sont pas fous car l’inquiétude face à l’avenir reste présente ».  

Rozenn Gourvennec/ SOPRESS by Le Lab